* L'attaque contre un QG de la police a fait 16 morts

* Le gouvernement accuse la confrérie et la déclare "terroriste"

* Les Frères musulmans ont condamné l'attentat

* Un groupe islamiste du Sinaï le revendique (Actualisé avec responsible des Frères § 4)

par Tom Perry et Shadia Nasralla

LE CAIRE, 25 décembre (Reuters) - Le gouvernement égyptien a officiellement qualifié mercredi les Frères musulmans d'organisation "terroriste" et a accusé la confrérie islamiste d'avoir commis l'attentat à la bombe commis la veille contre le QG de la police de Mansoura, dans le delta du Nil.

Les Frères musulmans avaient, pour leur part, condamné l'attaque de Mansoura, qui a fait 16 morts et dont la responsabilité a été revendiquée par un groupe radical islamiste opérant dans le Sinaï, Ansar Bayt al Makdis (Les Partisans de Jérusalem).

À la suite de la décision du gouvernement, mis en place par l'armée après la destitution en juillet du président Mohamed Morsi, les autorités pourront désormais inculper tout membre de la confrérie pour appartenance à une organisation terroriste.

"La décision du gouvernement a pour objectif de liquider ses opposants", a déclaré Mohamed Touson, membre du Parti de la liberté et de la justice, la branche politique des Frères.

Fondé en 1928, le groupe des Frères musulmans constituait la force politique la mieux structurée du pays avant la répression dont il a été victime depuis cet été. On estime à près d'un million le nombre de ses membres.

"Toute l'Égypte (...) a été terrifiée par le crime odieux commis par l'organisation des Frères musulmans", dit un communiqué du gouvernement.

"Le gouvernement décide de déclarer les Frères musulmans organisation terroriste", ajoute le texte, qui officialise ainsi des propos tenus la veille par le Premier ministre Hazem el Beblaoui.

Peu après l'attentat du 24 décembre, le gouvernement a juré de combattre "le terrorisme noir" et déclaré que l'attaque ne modifierait pas le processus de transition, dont la prochaine étape est la tenue en janvier d'un référendum sur le projet de nouvelle Constitution.

UN SUSPECT ARRÊTÉ

Le groupe Ansar Bayt al Makdis s'est lui dit à l'origine de l'attentat de Mansoura, après avoir déjà revendiqué la responsabilité de celui qui avait échoué en septembre contre le ministre de l'Intérieur,.

Pour ce mouvement, les dirigeants au pouvoir en Egypte combattent la légitimité de l'islam et répandent le sang des musulmans opprimés. Dans un communiqué mis en ligne sur un site islamiste, il qualifie le QG de la police attaqué à Mansoura de "nid d'apostats et de tyrans".

"Nous allons continuer, avec l'aide de Dieu, à les combattre", proclame le groupe.

Mercredi, avant que le gouvernement ne mette officiellement en cause les Frères musulmans, l'armée a annoncé sur sa page Facebook l'arrestation d'un suspect - un Palestinien dépourvu de permis de résidence, circulant dans une voiture immatriculée dans le Sinaï et qui a avoué avoir l'intention de faire sauter un complexe sécuritaire "vital".

Selon un porte-parole de l'armée, le suspect palestinien arrêté est membre du mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, ce que ce dernier a énergiquement réfuté.

"Toutes ces allégations sont des mensonges et des inventions", a déclaré Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas.

La péninsule du Sinaï, qui jouxte la bande de Gaza et Israël, abrite des groupes radicaux qui multiplient les attaques meurtrières contre l'armée et la police depuis la destitution, le 3 juillet par les généraux, du président islamiste élu Mohamed Morsi. (Avec Yusri Mohamed et Nidal al Mughrabi; Jean-Loup Fiévet et Julien Dury pour le service français, édité par Pascal Liétout)