WASHINGTON, 10 septembre (Reuters) - Les Etats-Unis vont adopter lundi une position ferme à l'égard de la Cour pénale internationale (CPI) en la menaçant de sanctions si celle-ci procède à une enquête sur les allégations de crimes de guerre commis par les forces américaines en Afghanistan.

En novembre dernier, la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda, a déclaré qu'elle allait demander le feu vert pour l'ouverture d'une enquête officielle sur les accusations de crimes de guerre en Afghanistan.

Fatou Bensouda n'avait pas précisé quelles pourraient être les parties impliquées dans ces éventuels crimes mais, en 2016, parlant d'indices préliminaires, elle avait évoqué de possibles crimes de guerre commis par les forces américaines en Afghanistan et dans les centres de détention clandestins de la CIA ailleurs dans le monde en 2003 et 2004.

Les Etats-Unis utiliseront "tous les moyens nécessaires" pour protéger leurs citoyens et ceux de leurs alliés contre "les poursuites injustes de la part de ce tribunal illégitime", dira lundi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche.

L'administration Trump "ripostera" si la CPI entame officiellement une enquête sur les allégations de crimes de guerre commis par les forces américaines en Afghanistan, ajoutera John Bolton, selon le texte d'un discours qu'il prononcera devant un groupe conservateur de Washington et que Reuters a pu consulter.

Washington pourrait envisager d'interdire d'entrée sur le territoire américain les juges et les enquêteurs de la CPI, geler leurs fonds et les traduire devant la justice américaine.

"Nous ne coopérerons pas avec la CPI (...) Nous allons la laisser mourir toute seule. Après tout, la CPI est déjà comme morte pour nous", ajoutera John Bolton, précisant que l'administration Trump envisage de demander au Conseil de sécurité de l'Onu de restreindre les pouvoirs de la CPI.

Les Etats-Unis n'ont pas ratifié le traité de Rome qui a établi la CPI en 2002. Le président de l'époque, George W. Bush, s'opposait à la cour. Barack Obama a ensuite pris des mesures pour coopérer avec l'instance.

Par ailleurs, John Bolton fera part dans son discours de l'intention du département d'Etat de fermer le bureau à Washington de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), par crainte que les Palestiniens tentent de provoquer une enquête de la CPI sur Israël.

Aucun commentaire n'a été fait par le bureau de l'OLP à Washington. (Steve Holland; Jean Terzian pour le service français)