DUBAI, 7 janvier (Reuters) - Les gardiens de la Révolution islamique (GRI, pasdaran) ont annoncé dimanche avoir mis en échec les manifestations qui agitent le pays depuis une dizaine de jours et accusé plusieurs pays étrangers, dont les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, d'en être responsables.

Le Parlement s'est également réuni à huis clos dimanche pour discuter des manifestations en présence des ministres de l'Intérieur et du Renseignement, du chef de la police et du commandant adjoint des pasdaran, a annoncé la télévision publique.

Le mouvement de contestation parti le 28 décembre de Mashhad (nord-est) est le plus important depuis celui de 2009, contre la réélection du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Il avait fait des dizaines de morts dans le camp des partisans des réformes et avait été réprimé par le GRI et sa milice affiliée, les Bassidj.

"Le Peuple révolutionnaire d'Iran, avec des milliers de forces Bassidj, de policiers et le ministère du Renseignement, ont brisé la chaîne (des troubles) créée (...) par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le régime sioniste (Israël, NDLR), l'Arabie saoudite, les hypocrites (l'opposition des moudjahidines, NDLR) et les monarchistes", peut-on lire dans le communiqué des pasdaran publié sur le site internet Sepahnews.

Pendant ce temps, plusieurs milliers de partisans du gouvernement ont continué à manifester dimanche.

La télévision publique a diffusé en direct des images de défilés dans plusieurs villes, et notamment à Shar-e Kord, dans le centre du pays où plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, malgré la neige.

FORTE PRÉSENCE POLICIÈRE

"Mort à l'Amérique", "Mort à Israël", "Mort à la Grande-Bretagne", "Morts aux séditieux", criaient les manifestants.

Depuis le début des manifestations contre le gouvernement, 22 personnes sont mortes et un millier ont été arrêtées, selon les autorités iraniennes.

Selon les habitants contacté par Reuters dans différentes villes ces derniers jour, la mobilisation était en baisse en raison du durcissement de la répression et du déploiement des gardiens de la Révolution dans plusieurs province.

Samedi soir, des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient une forte présence policière dans de nombreuses villes, notamment à Khorramabad, dans le sud-ouest de l'Iran, où, mercredi soir, des manifestants avaient lancé des pierres sur les policiers anti-émeute, selon les informations diffusées sur les réseaux sociaux.

Selon un porte-parole de la police, la plupart des personnes arrêtées ont été induites en erreur et "amenées" à rejoindre les manifestations et ont été libérés sous caution, rapporte l'agence de presse publique Irna.

En revanche, a-t-il ajouté, les meneurs sont sous les verrous.

Le vice-président de l'université de Téhéran, Majid Sarsangi, a annoncé la mise en place d'un comité universitaire chargé du suivi des étudiants arrêtés pendant les manifestations.

Selon le parlementaire réformateur Mahmoud Sadeghi, interrogé par l'agence de presse Ilna, à peu près 90 étudiants sont détenus, dont dix dont on est sans nouvelles.

Plusieurs organismes sont chargés d'assurer la sécurité en Iran et les arrestations ne sont pas toujours annoncées en temps réel. (Bureau de Dubai; Danielle Rouquié pour le service français)