JERUSALEM, 25 janvier (Reuters) - Deux partis israéliens ultra-orthodoxes, le Shass et Yahadout Hatorah ("Judaïsme unifié de la Torah"), ont annoncé vendredi qu'ils allaient unir leurs efforts pour tenter d'empêcher un "recentrage" du prochain gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Les élections législatives de mardi ont été marquées par une courte victoire du Likoud-Beïtenou, l'alliance de droite de Netanyahu et d'Avigdor Lieberman, mais aussi par la percée du nouveau parti centriste Yesh Atid, arrivé en deuxième position.

Les dirigeants du Shass et de "Judaïsme unifié de la Torah" vont regrouper leurs forces au sein d'une seule équipe de négociateurs lors des tractations pour la formation du gouvernement, a déclaré vendredi le rabbin Ovadiah Youssef, du Shass.

Ce dernier parti a onze députés sur 120 dans la nouvelle Knesset, Yahadout Hatorah en a sept.

Les centristes de Yesh Atid ("Un Avenir existe"), conduits par un ancien journaliste vedette de la télévision, Yaïr Lapid, ont obtenu 19 élus.

Moshe Gafny, député de Yahadout Hatorah, a confirmé que les deux partis religieux voulaient "former un seul bloc" pour barrer la route à une coalition gouvernementale où le Likoud (31 députés) s'allierait avec les centristes.

Benjamin Netanyahu peut également envisager un accord avec le parti d'extrême droite Bayit Yehudi ("Foyer juif") de Naftali Bennett, qui a obtenu 12 sièges. Une coalition Likoud-Yesh Atid-Bayit Yehudi lui donnerait une majorité de 62 sièges à l'Assemblée. Mais la cohabitation entre centristes et ultranationalistes devrait être difficile.

Même si les négociations officielles n'ont pas encore débuté, Netanyahu a vu Lapid jeudi pendant deux heures et demie. La réunion, a précisé le Likoud dans un communiqué, s'est déroulée "dans une très bonne atmosphère". Les deux hommes "ont parlé des défis qui se posent au pays et des moyens de les relever" et "ont décidé de se revoir."

Le Premier ministre sortant a également eu des entretiens téléphoniques avec tous ses éventuels partenaires dans la prochaine coalition.

Yaïr Lapid a laissé entendre qu'il était prêt à rejoindre un gouvernement Netanyahu à condition que celui-ci place au centre de son programme les questions d'éducation, de logement et du "partage équitable du fardeau".

Le "partage du fardeau" est le terme employé par les opposants laïques aux concessions accordées par les précédents gouvernements aux juifs ultra-orthodoxes, qui composent un dixième de la population, en particulier leur exemption du service militaire. (Allyn Fisher-Ilan, Guy Kerivel pour le service français)