LONDRES/BRUXELLES, 8 mars (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May impute à l'Union européenne la charge de faire des concessions sur la question du "backstop" pour la frontière nord-irlandaise, au risque que la Grande-Bretagne quitte l'UE sans accord, une éventualité qu'elle dit contraire aux intérêts européens.

Négociateurs britanniques et européens se trouvent dans une impasse à propos de la clause de sauvegarde ("backstop") nord-irlandaise, ce mécanisme de dernier recours qui doit éviter le rétablissement de contrôles douaniers le long des 500 km de frontière entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.

Theresa May tente d'obtenir de la part de Bruxelles des garanties sur le caractère temporaire de ce "backstop" afin de convaincre le Parlement britannique d'adopter l'accord de Brexit. Les députés britanniques ont massivement rejeté en janvier le plan de sortie négocié par May avec Bruxelles.

Alors qu'un nouveau vote doit avoir lieu à la Chambre des communes la semaine prochaine, la Première ministre britannique estime que Bruxelles doit céder du terrain dans les discussions sur le "backstop" afin de favoriser le vote de l'accord.

"De même que les députés feront face à un choix important la semaine prochaine, l'UE doit faire un choix, elle aussi. Nous sommes les deux parties prenantes de ce processus. Il est dans l'intérêt des Européens que le Royaume-Uni quitte le bloc avec un accord", va déclarer May vendredi lors d'un discours dans le nord de l'Angleterre, selon des extraits diffusés en amont.

"Nous travaillons avec eux mais les décisions que l'UE prendra dans les prochains jours auront un fort impact sur l'issue du vote" au Parlement, ajoutera-t-elle.

Cette intervention de May est programmée alors que Bruxelles a demandé à Londres de revoir d'ici ce vendredi ses propositions sur le "backstop", à 21 jours de la date fixée pour le Brexit.

Les Européens ne s'attendent pas à une avancée significative avant le week-end, ont dit des diplomates au fait des discussions.

"Nous nous trouvons en ce moment dans une situation où nous discutons de propositions que nous avons rejetées il y a des mois", a déclaré un diplomate européen, soulignant la méconnaissance du procureur général britannique Geoffrey Cox.

Cox et le ministre du Brexit, Stephen Barclay, ont été chargés par May d'aller négocier avec Bruxelles des retouches au plan de sortie que le Parlement a rejeté en janvier.

Si les négociateurs parvenaient à un compromis avant la fin de la semaine, des diplomates estiment que May pourrait venir lundi prochain à Bruxelles pour lui exprimer son soutien avant que la Chambre des communes vote mardi sur cette proposition.

Bruxelles craint en revanche, en l'absence de compromis d'ici ce week-end, que Theresa May tente de négocier directement avec les Vingt-Sept lors du sommet des 21 et 22 mars, une semaine à peine avant la date du divorce. (Alistair Smout à Londres, Gabriela Baczynska à Bruxelles; Jean Terzian pour le service français)