BOCHUM, Allemagne, 23 juin (Reuters) - La demande des conservateurs bavarois, alliés de la chancelière fédérale Angela Merkel, d'un durcissement unilatéral de la politique migratoire de l'Allemagne en cas d'absence d'accord au niveau européen pourrait conduire à un "Brexit allemand", a mis en garde samedi la présidente des sociaux-démocrates, eux aussi membres de la coalition gouvernementale à Berlin.

Dans un discours devant des membres du Parti social-démocrate (SPD) à Bochum, Andrea Nahles a particulièrement ciblé son homologue de l'Union chrétienne sociale (CSU) bavaroise et ministre fédéral de l'Intérieur, Horst Seehofer.

"Horst Seehofer est un danger pour l'Europe", a-t-elle dit. "Horst Seehofer et (le ministre président de Bavière Markus) Söder sont sur la voie d'un Brexit allemand."

Horst Seehofer a menacé d'ordonner l'expulsion des migrants enregistrés dans d'autres pays de l'Union européenne si Angela Merkel ne parvient pas à obtenir un accord global sur la question au niveau européen. La chancelière a prévenu qu'il lui serait difficile d'aboutir à un tel accord alors que la question des migrants divise profondément les pays membres de l'UE.

La question sera au coeur du sommet européen des 28 et 29 juin, pour lequel une réunion préparatoire sera organisée dimanche à Bruxelles avec les pays désireux d'y participer. La perspective d'un accord satisfaisant pour tous paraît pour l'instant très faible.

Ces tensions en Allemagne menacent de faire voler en éclat la coalition difficilement mise en place entre l'Union chrétienne démocrate (CDU) d'Angela Merkel, son alliée traditionnelle bavaroise la CSU et le SPD il y a seulement 100 jours.

Andrea Nahles a déclaré que les sociaux-démocrates souhaitait rester fidèle à leur engagement de gouverner avec les conservateurs mais elle a exprimé des doutes sur la volonté de la CSU.

La présidente du SPD a accusé la CSU de "prendre l'ensemble du pays en otage" pour satisfaire sa base en vue des élections régionales prévues en octobre en Bavière.

L'Allemagne a accueilli 1,6 million de migrants, notamment des Syriens, depuis 2014. (Andrea Shalal et Reuters TV Bertrand Boucey pour le service français)