par Véronique Tison

Le nombre d'entreprises françaises qui vendent à l'étranger a chuté de 4% l'an dernier à 91.574, revenant à ses niveaux du milieu des années 1990, selon des données provisoires communiquées vendredi par l'administration des douanes.

Bien plus que les soldes mensuels des échanges, le gouvernement considère ce chiffre comme un indicateur pertinent de la vigueur du commerce extérieur français.

A titre de comparaison, l'Allemagne a quelque 300.000 entreprises qui exportent et l'Italie autour de 200.000.

En France, leur baisse continue depuis 2001 est à l'origine de la réforme d'Ubifrance annoncée en février 2008 et qui a fait de cette agence le fer de lance de la politique de développement des entreprises à l'exportation.

L'objectif à l'époque était de doubler d'ici 2011 le nombre de PME accompagnées dans leurs démarches de prospection à l'étranger, pour le porter à 20.000, et d'inverser la baisse du nombre de celles qui exportent.

La première partie du contrat a été remplie dès 2009, avec l'aide paradoxale de la crise, et Christophe Lecourtier compte bien atteindre le second objectif en 2010.

"La première étape était de multiplier par deux le nombre d'entreprises qui voyagent chaque année. On partait de 9.500 par an bon an mal an, en 2009 on est carrément passé à 20.000, dont 3.000 entreprises qui n'avaient jamais exporté", annonce-t-il dans une interview à Reuters.

"Il reste à voir maintenant combien de ces 20.000 entreprises transformeront effectivement l'essai. Mais la reprise mondiale, dans un contexte de consolidation de nos parts de marché, devrait favoriser un essor des PME françaises à l'export en 2010 - surtout si l'euro cesse de s'apprécier vis-à-vis du dollar".

FRÉNÉSIE DE PROSPECTION

Avec le passage sous sa tutelle du personnel "commercial" des missions économiques dépendant des ambassades à l'étranger, Ubifrance compte maintenant un millier de collaborateurs et 63 bureaux à travers le monde pour accompagner les PME dans leurs démarches de prospection et de finalisation de contrats.

"Notre structure a été plébiscitée par les PME dans le contexte de crise", observe Christophe Lecourtier.

"Confrontées à une situation économique terrible, sentant leurs clients se dérober sous leurs pieds, les entreprises ont été saisies d'activisme de prospection commerciale et ont trouvé dans ce nouveau dispositif quelque chose qui correspondait à leurs besoins".

Dans son travail d'accompagnement, Ubifrance veille à corriger les maux traditionnels du commerce extérieur français. Augmenter le nombre de PME exportatrices bien sûr, mais aussi encourager la constitution de filières ou d'attelages - derrière les champions nationaux - et orienter les choix géographiques.

"Un peu moins des deux tiers des exportations françaises partent vers l'Europe, mais nous on est à 60% d'activité sur les pays émergents", note Christophe Lecourtier.

Ubifrance a ainsi accompagné 2.000 entreprises en Chine et l'"Année du Brésil", organisée tout au long de 2009, a permis à l'agence d'emmener 600 nouvelles entreprises dans ce pays. "40% de ces 600 ont transformé l'essai soit par la signature d'un contrat, par un établissement sur place ou la signature avec un importateur ou exportateur", se félicite le patron d'Ubifrance.

Cette année, ce sont encore 1.100 "événements" qu'organisera l'agence pour promouvoir l'export, en direction notamment de la Russie et de l'Inde. En attendant, elle a réuni vendredi 967 participants aux deuxièmes rencontres de l'"Equipe de France de l'Export", tenues à Paris sous la houlette de la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac.

Edité par Yves Clarisse