Le plus haut responsable de la réglementation de la Réserve fédérale américaine (Fed) discutera lundi d'une proposition de grande envergure visant à réviser les règles en matière de capital bancaire devant le plus grand lobby bancaire du pays, alors qu'il est confronté à une forte opposition du secteur à ces règles qui, selon les banquiers, nuiront à l'octroi de prêts.

Le discours de Michael Barr, vice-président de la Fed chargé de la supervision, lors d'une conférence de l'American Bankers Association, sera le premier qu'il prononcera sur la réglementation bancaire depuis que la banque centrale a dévoilé, en juillet, la proposition complexe dite "Bâle Endgame", qui vise à réviser la manière dont les banques évaluent le montant des fonds propres qu'elles doivent détenir pour faire face à des pertes potentielles.

Cette proposition met en œuvre les normes internationales en matière de fonds propres adoptées par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire à la suite de la crise financière de 2007-2009. Depuis le mois de juillet, les banques ont vivement réagi, en s'alliant au Congrès et en lançant des campagnes publicitaires. Elles affirment que cette mesure nuira aux emprunteurs hypothécaires, aux prêts destinés à des projets écologiques et à l'économie en général.

M. Barr répondra aux questions après son discours. Un porte-parole de l'ABA a déclaré que le groupe apprécie la participation de M. Barr, mais qu'il "entendra nos préoccupations concernant les dommages économiques très réels que ces propositions auront sur l'économie et sur les clients et les communautés que les banques servent".

M. Barr a affirmé qu'un capital solide permettait aux prêteurs de faire face aux ralentissements et aux risques imprévus. Il a cité la faillite de la Silicon Valley Bank et de deux autres prêteurs américains cette année comme preuve de la nécessité de renforcer le système.

Les banquiers seront à l'écoute de tout indice permettant à M. Barr de modifier la proposition, en particulier les nouvelles pondérations de risque proposées pour les prêts hypothécaires et les revenus de commissions autres que les intérêts.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a voté en faveur de la proposition de règles, mais il a indiqué qu'il avait des questions et qu'il était impatient de solliciter des commentaires. Bien que M. Powell ait déclaré qu'il s'en remettrait à M. Barr en tant que régulateur de Wall Street, les dirigeants du secteur espèrent que les préoccupations de M. Powell conduiront à une proposition moins stricte.

"Cet épisode est le premier test de la latitude opérationnelle dont dispose le vice-président chargé de la supervision du point de vue de l'élaboration des politiques", a déclaré Isaac Boltansky, directeur de la recherche sur les politiques pour la société de courtage BTIG. (Reportage de Pete Schroeder ; édition de Michelle Price et Josie Kao)