Les grandes banques centrales entament leurs premières réunions de l'année 2024 : la Banque du Japon et la Banque centrale européenne se réuniront dans les prochains jours, tandis que la Turquie occupera le devant de la scène dans les marchés émergents.

La saison des bénéfices et un aperçu de l'activité des entreprises en janvier, alors que les turbulences en mer Rouge font des ravages dans les chaînes d'approvisionnement, sont également attendus.

Kevin Buckland à Tokyo, Yoruk Bahceli à Amsterdam, Lewis Krauskopf à New York, Amanda Cooper à Londres et Ezgi Erkoyun à Istanbul vous donnent un aperçu de la semaine à venir sur les marchés mondiaux.

1/ BCE VS MARCHÉS

La BCE se réunit jeudi et, malgré l'opposition à la spéculation sur les baisses de taux, les traders ont simplement retardé d'un mois, jusqu'en avril, les paris sur une première baisse. Les marchés s'attendent toujours à cinq réductions cette année.

Les décideurs politiques ne sont pas pressés de signaler des baisses et même certaines colombes disent qu'il est trop tôt pour en discuter. Il faut s'attendre à ce que Christine Lagarde, la patronne de la BCE, se montre encore plus réticente, car elle a prévenu les traders qu'une baisse trop importante n'aiderait pas la BCE à lutter contre l'inflation.

L'inflation dans la zone euro a augmenté en décembre et la croissance des salaires est encore trop élevée à son goût. Bien qu'il soit trop tôt pour un changement de cap, la BCE a interrompu ses hausses de taux et a précisé comment elle allait mettre fin à son programme d'achat d'obligations datant de l'époque de la pandémie.

Et Lagarde pourrait être poussée à s'exprimer sur l'impact des perturbations de la chaîne d'approvisionnement en mer Rouge sur l'inflation.

2/ LES YENS BATTUS À LA HAUSSE

Les marchés des devises montrent à quel point la frénésie pour une fin imminente des mesures de relance de la Banque du Japon s'est rapidement transformée en frustration.

Le yen a chuté de 5,6 % rien que ce mois-ci pour dépasser les 148 dollars. Ce mouvement s'est produit plus rapidement que le rebond du yen en décembre, qui a atteint des sommets de cinq mois à près de 140, après un creux de plus d'un an à près de 152 à la mi-novembre.

Un tremblement de terre survenu le jour de l'an sur la côte ouest du Japon a effacé tous les derniers paris concernant une sortie des taux négatifs lors de la réunion de deux jours de la BOJ qui débute lundi.

Ces paris avaient déjà été tempérés par le commentaire dovish de la BOJ, alors que les données récentes suggèrent un refroidissement de l'inflation sans l'aide de la banque centrale.

L'approche de 150 pour le dollar/yen pourrait déclencher un certain nombre de mesures de la part de Tokyo. Un yen faible est impopulaire auprès des électeurs, qui ont déjà une mauvaise opinion de l'administration du Premier ministre Fumio Kishida.

3/ POUSSER ET TIRER

Alors que certains décideurs politiques de la Réserve fédérale américaine (Fed) repoussent les paris de réduction des taux d'intérêt, un indicateur clé de l'inflation américaine jeudi devrait nous éclairer sur le calendrier d'une telle décision.

La lecture des dépenses de consommation personnelle (PCE) de décembre vient après que l'indice des prix ait augmenté de 2,6% dans les 12 mois à novembre et que les prix mensuels aient baissé pour la première fois en plus de 3 ans et demi. Les marchés monétaires évaluent à 61 % la probabilité d'une réduction de 25 points de base en mars, contre 77 % il y a une semaine.

Les chiffres plus élevés que prévu des ventes au détail en décembre ont également soulevé des doutes quant à la possibilité pour la Fed de procéder à une réduction dès le mois de mars, alors que la banque centrale continue à lutter contre l'inflation qui a atteint son plus haut niveau depuis 40 ans en 2022.

Les résultats des entreprises américaines sont également à surveiller, notamment ceux de Tesla, Netflix, 3M et Intel.

4/ UN FEU DE PAILLE

Les investisseurs misent beaucoup sur un atterrissage en douceur de l'économie mondiale, sans récession, et sur des baisses de taux cette année.

L'indice des directeurs d'achat (PMI) du 24 janvier donnera une idée de la manière dont l'activité commerciale, en contraction dans la majeure partie du monde, a résisté.

Les nouvelles commandes et les intentions d'embauche feront l'objet d'un examen minutieux, car il s'agit de deux des composantes les plus prospectives. Les nouvelles commandes sont partout en baisse, ce qui est souvent le signe que les entreprises se préparent à des temps difficiles, ce qui va à l'encontre des perspectives optimistes des marchés financiers.

En ce qui concerne les bénéfices, c'est une semaine importante pour la technologie européenne, avec ASML, Logitech et SAP, ainsi que le géant du luxe LVMH.

5/ UN DERNIER COUP DE POUCE

Les observateurs de la Turquie sont impatients de voir quelle sera l'ampleur de la hausse des taux de la banque centrale jeudi, avec une augmentation plus importante que prévu du salaire minimum, des dépenses pré-électorales et une baisse de la lire qui maintiennent les risques pour la trajectoire de désinflation prévue bien vivants.

Dans le cadre d'un revirement de politique économique, la banque centrale turque a relevé ses taux de 8,5 % à 42,5 % depuis juin afin de contenir l'inflation. En décembre, la banque centrale a déclaré qu'elle était prête à achever le cycle de resserrement dès que possible, bien que le gouverneur Hafize Gaye Erkan se soit engagé à maintenir une politique restrictive aussi longtemps que nécessaire.

Les responsables politiques ont déjà revu à la baisse les perspectives de resserrement le mois dernier, déclarant que les taux étaient proches d'un niveau qui permettrait de maintenir la désinflation sur la bonne voie. Les économistes s'attendent à ce que l'inflation dépasse les 70 % d'ici le milieu de l'année et retombe à environ 40 % d'ici la fin de l'année.

La banque centrale d'Afrique du Sud se réunit également jeudi et devrait maintenir ses taux inchangés. Le gouverneur Lesetja Kganyago déclare que la désinflation a commencé.