par Christine Kim

SEOUL, 2 novembre (Reuters) - La présidence sud-coréenne a annoncé mercredi la désignation de Kim Byong-joon au poste de Premier ministre et celle de Yim Jong-yong à celui de ministre des Finances alors que le pays traverse une période de turbulences politiques.

Kim Byong-joon, chef de cabinet de feu l'ancien président Roh Moo-hyun, remplacera Hwang Kyo-ahn à la tête du gouvernement. Yim Jong-yong, qui présidait jusqu'alors la commission des Services financiers, remplace quant à lui Yoo Il-ho au ministère des Finances.

Nommer Kim, qui a une réputation d'ouverture, apparaît comme une manoeuvre de la présidente Park, conservatrice, pour apaiser la colère de l'opininon et tenter de se concilier l'opposition concernant le scandale impliquant une proche de la présidente, Choi Soon-sil, qui a été placée lundi soir en détention provisoire et se trouve sous le coup d'une enquête.

Les procureurs viennent d'inculper cette femme d'abus de pouvoir et de tentative de fraude et de demander sa mise en état d'arrestation.

Le remaniement ministériel, qui inclut aussi la nomination d'un nouveau ministre de la Sécurité publique, ne satisfait guère l'opposition.

"Le remplacement du Premier ministre et du ministre des Finances ne peut avoir lieu sans qu'il y ait discussion avec l'opposition", a déclaré Park Jie-won, chef d'une formation d'opposition, le Parti du peuple.

"La Maison bleue (présidence) a nommé en Kim la bonne personne pour diriger le gouvernement vers l'avenir du pays et pour surmonter les difficultés actuelles", a rétorqué le porte-parole de la présidence, Jung Youn-kuk.

APPELS A LA DÉMISSION DE PARK

La cote de popularité de la présidente est tombée à 17,5% dans le baromètre Realmeter, son plus bas niveau depuis son investiture en février 2013. Son parti Saenuri (droite) est pour sa part devancé par le Parti démocratique d'opposition dans les intentions de vote.

Depuis plusieurs semaines, les médias sud-coréens multiplient les révélations sur la façon dont Choi aurait exploité son amitié avec la présidente. Park s'est excusée à la télévision, la semaine dernière, d'avoir permis à Choi de prendre connaissance de ses projets de discours, durant les premiers mois de sa présidence. Choi, qui a 60 ans, est arrivée mercredi matin dans les locaux du parquet menottes aux poignées, pour une troisième journée d'interrogatoire.

Les procureurs enquêtent sur des accusations voulant que Choi ait incité fortement des conglomérats à donner des fonds à des fondations à but non lucratif, en usant de son amitié avec Park, et ils cherchent aussi à savoir si elle a retiré un bénéfice financier de son entremise auprès de ces fondations.

Un nombre croissant de responsables de l'opposition réclament la démission de la présidente, âgée de 64 ans, même si l'opposition n'a pas préconisé pour l'instant de procédure en destitution.

Malgré de nombreux scandales au fil des années, aucun chef d'Etat sud-coréen n'a jamais démissionné ni n'a été destitué.

Si Park venait à écourter son mandat, une élection présidentielle serait organisée dans les 60 jours. (Nicolas Delame et Eric Faye pour le service français)