(Actualisé avec déclarations des gouverneurs de New York, Connecticut §12-18)

WASHINGTON, 9 janvier (Reuters) - Barack Obama "est décidé à prendre des mesures" contre la violence due aux armes à feu et envisage de légiférer par décret ("executive order") afin de prévenir des tueries comme celle de Newtown, dans le Connecticut, le mois dernier, a déclaré mercredi le vice-président Joe Biden.

Dans le cadre de la mission de réflexion que lui a confiée Barack Obama après le massacre de l'école primaire de Newtown le 14 décembre (26 tués dont vingt enfants de six et sept ans), Joe Biden a reçu mercredi à la Maison blanche des représentants d'associations de victimes et des partisans du contrôle des ventes d'armes.

"Nous n'allons pas nous laisser piéger par l'idée fausse que si on ne fait pas tout, alors on ne fait rien", a dit le vice-président aux journalistes avant l'ouverture de la réunion. "Il y a un large consensus sur trois, quatre ou cinq choses concernant la sécurité qui doivent être faites et qui seront faites."

La chaîne de grands magasins Wal-Mart, qui vend le plus d'armes à feu aux Etats-Unis, a finalement décidé d'envoyer un représentant jeudi à la Maison blanche pour rencontrer Joe Biden. C'est également jeudi que le vice-président recevra la National Rifle Association (NRA), puissante organisation du lobby pro-armes.

Joe Biden et ses collaborateurs verront également dans la semaine des fédérations de chasseurs, des représentants de l'industrie du spectacle et de celle des jeux vidéos.

Barack Obama, qui attend ce mois-ci les recommandations de Joe Biden, parlera du dossier des armes à feu lors de son discours sur l'état de l'Union le 24 janvier.

Après le massacre de Newtown, le président américain a promis des "actions significatives" pour éviter de telles tragédies.

Il a notamment apporté son soutien à une éventuelle proposition de loi au Congrès visant à interdire les armes d'assaut.

DES ETATS SE MOBILISENT

Tout en soutenant le deuxième amendement de la Constitution sur le droit de tout citoyen à être armé, Barack Obama a déclaré qu'à son avis l'acquisition d'armes d'assaut ne devrait pas être aussi aisée qu'elle l'est actuellement aux Etats-Unis.

Mais selon le Washington Post de dimanche dernier, la Maison blanche travaille sur un plan de contrôle des armes beaucoup plus ambitieux qu'un simple retour à l'interdiction des armes d'assaut qui a été en vigueur de 1994 à 2004.

Selon le journal, le groupe de travail dirigé par Biden envisage sérieusement d'imposer des vérifications globales sur l'identité des acheteurs d'armes et de contrôler les mouvements et les achats d'armes à travers un fichier national.

Sans attendre des décisions fédérales encore incertaines, étant donné le poids du lobby des armes à feu au Congrès, certains Etats ont choisi de prendre les devants.

Le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, s'est ainsi engagé mercredi dans son discours annuel "sur l'état de l'Etat" de mettre en place le plus strict contrôle des armes à feu des Etats-Unis et d'interdire les chargeurs de munitions à grande capacité.

"Nous devons mettre un terme à cette folie, mes amis. En un mot, cela suffit", a-t-il déclaré.

Dans le Connecticut voisin, théâtre de la tuerie de Newtown, le gouverneur Dannel Malloy a exhorté les membres du Congrès à durcir les mesures de contrôle des armes au niveau fédéral.

"Tant que des armes continueront de circuler le long de l'Interstate (autoroute) I-95, ce qui est disponible à la vente en Floride ou en Virigine peut avoir des conséquences dévastatrices ici dans le Connecticut", a-t-il souligné.

Les Etats de New York et du Connecticut sont parmi les plus restrictifs sur les armes à feu mais Andrew Cuomo s'est plaint de failles législatives qui interdisent par exemple dans son Etat les chargeurs de plus de dix balles sauf pour les chargeurs fabriqués avant 1994.

"Personne n'a besoin de dix balles pour tuer un daim. Arrêtons cette folie tout de suite", a déclaré le gouverneur et ancien procureur.

(Mark Felsenthal avec Matt Spetalnick; Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)