Berlin (awp/afp) - Privilégier la "valeur sur le volume" : le constructeur Volkswagen a dévoilé mercredi un vaste plan pour améliorer ses performances financières, grâce à une maîtrise des coûts et une croissance de l'électrique aux États-Unis et en Chine.

Ce programme a été présenté par le groupe allemand à l'occasion de sa journée investisseurs.

"Si la plupart des revenus sont encore générés en Europe, les moteurs de croissance de demain seront la Chine et l'Amérique du Nord", a assuré à la presse le PDG Oliver Blume.

"Nous nous concentrons sur les marges", a-t-il ajouté, déclarant privilégier "la valeur sur le volume".

L'objectif est désormais d'atteindre une marge opérationnelle comprise entre 9 et 11% d'ici 2030, contre 8% l'an dernier.

Sur ces indicateurs clé de la performance des fabricants d'automobiles, le premier constructeur européen est en retard par rapport à ses concurrents comme Stellantis dont la marge opérationnelle a atteint 13% du chiffre d'affaires en 2022, quasiment au niveau de Tesla ou Mercedes.

Volkswagen vise par ailleurs une hausse annuelle de ses ventes de 5 à 7% par an jusqu'en 2027.

Réduction des coûts

Arrivé aux commandes de Volkswagen en septembre dernier, M. Blume a présenté mercredi les détails d'un plan global de transformation du groupe visant à améliorer sa performance financière.

"Nous allons nous concentrer sur la rentabilité, la réduction des coûts fixes, et la génération de flux de trésorerie", a résumé M. Blume.

L'entreprise veut d'abord mettre l'accent sur la diminution des dépenses grâce notamment à "l'amélioration de l'efficacité des usines et des processus de production" pour "réduire les frais généraux".

Mi-juin, il avait annoncé que cette réorganisation se concentrerait sur la marque historique et grand public du groupe, les voitures VW.

La direction du groupe n'a pas précisé si ces baisses de coûts impliqueraient des suppressions d'emplois.

Pour atteindre cet objectif, le groupe aux dix marques -dont Porsche, Audi ou Skoda- explique vouloir rendre celles-ci "plus autonomes" et améliorer les "synergies" entre elles.

Au lieu de dédier un site de production à chaque marque, "nous regrouperons certains coûts sur une plateforme commune", a détaillé M. Blume.

En Chine, Volkswagen veut rester "le constructeur étranger le plus important" en maintenant sa part de marché actuelle d'environ 15%, alors que les ventes de véhicules électriques connaissent une poussée fulgurante.

Dans ce pays, où Volkswagen réalise encore 40% de ses ventes, la place du géant allemand est menacée par les fabricants locaux spécialisés dans l'électrique et par l'américain Tesla.

M. Blume a reconnu les défis posés par la "rapidité et l'évolution spectaculaires de la technologie et des innovations" en Chine, où "un grand nombre de nouveaux concurrents" ont fait leur apparition.

Audit au Xinjiang

"Nous avons un avantage comparatif par rapport à ces start-up. Nous sommes très forts dans les véhicules thermiques qui resteront importants dans les prochaines années pour générer du cash afin d'investir", affirme le PDG.

Volkswagen a également indiqué vouloir mener un "audit indépendant et transparent" à propos de son usine située dans la province du Xinjiang, en Chine, où des allégations de travaux forcés et de maltraitance de la minorité Ouïghour sont soulevées par les organisations de défense des droits.

Les Etats-Unis sont également un marché prioritaire pour Volkswagen.

"Nous avons tous les ingrédients pour grandir sur ce marché, autant la technologie que les finances", a assuré Arno Antlitz, directeur financier de l'entreprise.

Autre chantier important : la remise à plat de la stratégie logiciels, avec la refonte annoncée en mai de la filiale Cariad, chargée de coder les logiciels des futurs modèles électriques et autonomes.

Les problèmes de cette division sont liés à des désaccords internes et à une surcharge de travail, qui ont entraîné des retards dans le développement de plateformes de logiciels.

Après avoir récemment remanié la direction de la filiale, l'objectif est désormais de lancer en 2024 les deux premiers modèles de voitures utilisant des logiciels Cariad, l'Audi Q6 E Tron et le Macan électrique de Porsche.

Les déboires de Cariad, entité directement supervisée par l'ancien patron de Volkswagen Herbert Diess, ont été une des raisons majeures du départ anticipé de ce dernier à l'été dernier.

afp/rp