Francfort (awp/afp) - Le géant européen de l'automobile Volkswagen s'apprête à affronter mercredi lors de son assemblée générale un flot de questions et de reproches de la part de ses petits actionnaires, très remontés par la tricherie sur les moteurs diesel.

Neuf mois après l'éclatement du "dieselgate", de nombreuses incertitudes demeurent à la fois sur les origines et les conséquences du trucage de 11 millions de véhicules diesel dans le monde.

Plusieurs milliers de petits actionnaires entendent bien profiter de l'occasion qui leur sera fournie à Hanovre (nord) pour donner de la voix, même si leur poids est très limité.

Ils ne détiennent que 11% environ des droits de vote. Le reste se répartit entre les familles héritières Porsche-Piëch (52% environ), l'Etat régional de Basse-Saxe (20%) et l'Emirat du Qatar via le fonds Qatar Holding (17%).

Ulrich Hocker, président l'association de protection des actionnaires DSW, attend une AG "très particulière, très litigieuse", a-t-il confié à l'AFP.

"Il sera très peu question de l'activité du groupe, la discussion portera presque entièrement sur l'affaire du diesel", estime-t-il avant le premier face-à-face entre le patron Matthias Müller, arrivé aux manettes en septembre dernier, et les petits porteurs.

- Longueur -

Depuis que Volkswagen a avoué en septembre avoir installé un logiciel destiné à faire paraître les moteurs diesel moins polluants qu'ils ne le sont en réalité, le groupe aux douze marques (dont Audi, Seat, Porsche) est sur la sellette.

Ses ventes se sont maintenues à flot mais il fait l'objet de poursuites en justice et de demandes d'indemnisations dans plusieurs pays.

Volkswagen a imputé la responsabilité du trucage à un "petit groupe de personnes" qui aurait agi à l'insu de la direction.

Plusieurs organisations d'actionnaires, comme DSW, reprochent au groupe d'avoir tardé non seulement à comprendre l'ampleur du problème, mais également à en informer les investisseurs, touchés de plein fouet par la descente aux enfers de l'action (-40%) à l'automne.

Le titre Volkswagen a repris des couleurs depuis mais vaut toujours environ 26% de moins qu'avant le scandale.

Le nombre inhabituellement élevé de contre-propositions inscrites à l'ordre du jour de l'assemblée générale donne un avant-goût de la longueur des débats, qui débuteront à 08H00 GMT et pourraient se poursuivre jusque dans la soirée.

- Dividende 'ridicule' -

Plusieurs groupements d'actionnaires réclament une enquête spéciale sur les responsabilités au sein du groupe, estimant que celle du cabinet américain Jones Day, commanditée par la direction de Volkswagen et dont les conclusions n'ont pas encore été publiées, n'est pas assez indépendante.

S'ils n'obtiennent pas gain de cause lors de l'assemblée, hypothèse privilégiée, ils envisagent de lancer une procédure judiciaire.

Plusieurs petits actionnaires comptent par ailleurs désavouer le directoire et le conseil de surveillance en refusant de donner quitus, c'est-à-dire d'approuver la gestion sur l'année passée. Une défiance seulement symbolique, puisque les grands actionnaires devraient voter en bloc en faveur des organes dirigeants.

Feront aussi débat les rémunérations des dirigeants, ainsi que la capacité de l'équipe en place, issue pour beaucoup de la vieille garde, à insuffler un sang neuf. Volkswagen a présenté jeudi une nouvelle stratégie tournée vers l'électrique et les nouvelles formes de mobilité.

L'ancien directeur financier Hans Dieter Pötsch, passé président du conseil de surveillance en empochant une généreuse prime, est particulièrement dans le collimateur de certains.

Le dividende proposé (0,17 euro par action de préférence après 4,86 euros un an plus tôt) "va également être très critiqué", selon Jürgen Pieper, analyste de la banque Metzler. M. Hocker du DSW le juge "ridicule".

Volkswagen a enregistré en 2015 une perte nette de 1,6 milliard d'euros, la première en 20 ans, à cause des provisions de 16 milliards d'euros pour le "dieselgate".

afp/al