Le site d'Onet-le-Château, spécialisé dans les injecteurs de moteurs, emploie 1.600 personnes. C’est l’une des usines françaises les plus exposées à la baisse accélérée des motorisations diesel en France et en Europe.

Cette technologie, ébranlée par le scandale de trucage des émissions polluantes de Volkswagen, a vu en quelques années son avantage compétitif en matière de consommation et d’émissions de CO2 relégué au second plan face à la facture de sa dépollution.

Fin janvier, la direction du groupe allemand, en déplacement à Rodez, s’est engagée à investir 14 millions d’euros pour moderniser l’une des deux lignes de production que compte l’usine, sous réserve qu’un accord de compétitivité soit signé par le personnel d’ici le mois d’avril.

Dans le cadre de cet "accord de transition 2018-2021", l'une des clés de la direction proposée à l'intersyndicale Sud, CFDT, CFE-CGC,CGT est "le recours à une activité partielle sur une période allant de mi-2018 à fin 2021".

"Pour réduire de façon équilibrée le coût résiduel de l'activité partielle, l'une des mesures serait un gel salarial pour l'ensemble des collaborateurs", a déclaré à Reuters Olivier Pasquesoone, directeur du site de Rodez.

Le gel des salaires, envisagé jusqu'à fin 2019, était redouté par les organisations syndicales.

"Quand un salarié est en activité partielle, il touche 70% de son salaire brut. L’Etat prend 30% à sa charge et l’employeur 40%. Bosch demande à ne donner que 15% et que les salariés assument les 25% restants, ce qui peut se faire mécaniquement en impactant les salaires", explique Yannick Anglarès, secrétaire CGT Bosch Rodez.

Selon l'intersyndicale, à l'initiative lundi d'une assemblée générale des salariés du site, la direction devrait également proposer la semaine prochaine "une révision de l'accord sur le temps de travail négocié en 2013", un accord senior sans départs en pré-retraite mais "avec des aménagements de fin de carrière" et du "prêt de personnel" dans des entreprises de la région.

"Nous rejetterons tout en bloc tant que la direction ne nous présentera pas de projet industriel et d'engagements sur les volumes", précise le syndicaliste.

"Garantir des volumes est une chose compliquée du fait de la volatilité du marché", répond Olivier Pasquesoone tout en assurant "travailler sur des projets de diversification".

Les membres de l'intersyndicale, qui devraient être reçus avec plusieurs élus locaux le 14 ou le 21 mars par Bruno le Maire, plaident pour des investissements sur les moteurs essence afin d'anticiper une éventuelle sous-capacité de Bosch sur ce marché à l'horizon 2020 du fait du recul du diesel".

Selon eux, cela pourrait permettre de régler la problématique des 300 à 350 postes menacés par l'arrêt de la seconde ligne de production d'injecteurs diesel.

La direction de Bosch Rodez précise qu'"aucune validation dans ce sens" n'a été donnée par l'équipementier automobile.

(Johanna Decorse, édité par Yves Clarisse)