Berlin (awp/afp) - L'équipementier automobile allemand Bosch a accepté de verser plus de 300 millions de dollars de dédommagement à des plaignants américains dans l'affaire des moteurs diesel truqués de Volkswagen, mais sans admettre sa culpabilité contrairement au constructeur.

"Bosch est parvenu avec les plaignants à un accord aux Etats-Unis sur le règlement de la majeure partie des plaintes civiles en lien avec des voitures diesel des marques Volkswagen, Audi et Porsche" fabriquées entre 2009 et 2016, a indiqué l'entreprise de Stuttgart (sud-ouest) dans un communiqué mercredi.

Plus important sous-traitant automobile au monde et grand nom de l'électroménager et de l'outillage, le groupe allemand va ainsi payer 327,5 millions de dollars, soit environ 305 millions d'euros, à des automobilistes et des vendeurs de voitures d'occasion.

Ils accusaient Bosch d'avoir aidé à dissimuler l'existence d'un logiciel illégal fourni par ses soins à Volkswagen et d'avoir ainsi "participé de manière active et en toute connaissance de cause à l'escroquerie des consommateurs américains pendant une décennie", selon le texte de leur plainte collective.

Le logiciel truqueur installé par le géant automobile sur onze millions de véhicules dans le monde lui permettait de tricher sur les émissions de ses véhicules diesel lors des contrôles pour les faire paraître plus propres qu'ils n'étaient en réalité.

Aux Etats-Unis, où le scandale a éclaté au grand jour en septembre 2015, le constructeur allemand a plaidé coupable de fraude afin d'échapper à un procès. Il a annoncé mercredi qu'il dépenserait 1,2 milliard de dollars pour les propriétaires de véhicules truqués dotés d'un moteur 3 litres. Cela fait grimper la facture à plus de 23 milliards de dollars, afin de satisfaire autorités, clients et concessionnaires mécontents dans le pays.

L'accord à environ 300 millions d'euros entre Bosch et une grande partie des plaignants américains est bien moins lourd. Il ne devrait pas mettre en difficulté le groupe qui a dégagé un chiffre d'affaires de plus de 70 milliards d'euros. Prévoyant, l'équipementier avait déjà passé 650 millions d'euros de provisions supplémentaires pour risques juridiques dans ses comptes 2015.

"NI RECONNAISSANCE NI AVEU"

Contrairement à Volkswagen, Bosch insiste sur le fait que cet accord ne constitue "ni une reconnaissance des faits exposés par les plaignants ni un aveu".

Pourquoi alors avoir accepté de délier les cordons de sa bourse? "Nous voulons consacrer notre attention et nos ressources à la mutation dans les domaines de la mobilité et dans d'autres champs d'activité", a justifié dans un communiqué le patron Volkmar Denner, alors que l'entreprise veut devenir incontournable dans les domaines d'avenir que sont la voiture électrique et les objets connectés.

Bosch a certes très tôt confirmé avoir livré à Volkswagen des composants du logiciel "mais nous n'avons jamais rien dit concernant les faits (de manipulation, ndlr), c'est-à-dire ni admis ni nié quoi que ce soit", a affirmé un porte-parole interrogé par l'AFP.

L'enquête interne lancée par Bosch est encore en cours et l'entreprise ne s'aventure pas à dire quand elle sera terminée. "L'exhaustivité prime sur la rapidité", a souligné le porte-parole.

Si l'accord aux Etats-Unis lui permet de mettre derrière lui une partie des litiges au civil dans cette affaire, Bosch est loin d'en avoir fini avec le dieselgate puisqu'il est toujours visé par des enquêtes pénales aux Etats-Unis et en Allemagne. "Nous coopérons pleinement avec les autorités", a assuré le porte-parole.

L'accord avec les plaignants américains doit encore recevoir l'aval de la justice américaine, un feu vert attendu par Bosch début mai.

afp/buc