Vivendi, qui veut bâtir un empire des médias dans le sud de l'Europe, est le plus important actionnaire de Telecom Italia, le premier opérateur télécoms italien, avec 24% du capital et il est récemment monté à 28,8% du capital de Mediaset, le premier télédiffuseur privé italien.

L'AGCom estime que Vivendi exerce une influence certaine sur les deux sociétés et enfreint ainsi le droit de la concurrence. Elle menace d'imposer au groupe de Vincent Bolloré une amende représentant 2% à 5% de son chiffre d'affaires à moins qu'il ne commence à se délester.

L'autorité ne précise pas à hauteur de quel pourcentage du capital Vivendi doit se désengager mais elle lui ordonne de présenter dans les 60 jours un "plan d'action spécifique".

Les liens entre Vivendi, Telecom Italia et Mediaset risquent d'avoir des répercussions négatives sur "le degré de concurrence existant dans les marchés concernés et sur le degré de pluralisme des médias", observe encore l'AGCom.

Le droit italien interdit aux entreprises d'avoir des participations par trop importantes à la fois dans les secteurs des télécommunications et des médias.

Vivendi, qui a pris acte "avec étonnement" de la décision du régulateur italien a dit qu'il se réservait le droit "d’engager toute action judiciaire appropriée pour assurer la protection de ses intérêts, y compris de faire appel de la décision de l'AGCom auprès du Tribunal administratif régional (TAR) et de déposer une plainte officielle auprès de la Commission européenne pour violation du droit de l'Union Européenne".

Mediaset, dont le principal actionnaire reste l'ex-président du Conseil Silvio Berlusconi, s'est au contraire félicité de cette décision, ajoutant qu'il voulait prendre connaissance des attendus avant de décider de la marche à suivre.

Vivendi et Mediaset se font la guerre par tribunaux interposés, un conflit de longue haleine issu de la décision du groupe de médias français, en juillet, de remettre en cause un accord conclu en avril 2016 sur le rachat de la filiale de télévision payante Premium de Mediaset, accord qui devait aussi aboutir à des prises de participations croisées.

L'AGCom, qui avait ouvert une enquête sur Vivendi le 21 décembre sur requête de Mediaset, estime enfin que l'influence de Vivendi sur Mediaset pourrait s'exercer par le biais de ses droits de vote, de sa capacité de nommer ses propres candidats au conseil d'administration ou encore de bloquer toute décision d'une nature exceptionnelle.

(Avec Mathieu Rosemain à Paris et Stephen Jewkes à Milan, Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Giulia Segreti

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia SpA, Mediaset SpA