Il s'agit d'un compromis entre les positions défendues par les deux parties: Lagardère, dans ses comptes, valorisait cette participation dans la chaîne cryptée à 1,15 milliard d'euros tandis que, selon une source au fait du dossier, Vivendi ne l'évaluait qu'autour de 800 à 900 millions.

La transaction, au terme d'une médiation entamée en mai sous l'autorité du tribunal de commerce, met un terme à un dossier en suspens depuis plusieurs années.

"Cet accord, qui sera soumis aux instances représentatives du personnel, met également fin à tous les différends entre les deux groupes liés à cette participation", précisent Lagardère et Vivendi dans un communiqué commun.

Pour Lagardère, une sortie de Canal+ France était considérée comme un catalyseur pour le titre et la perspective d'un accord imminent a fait bondir ce dernier lundi matin à la Bourse de Paris. Mais l'action Lagardère a finalement clôturé en baisse de 2,49%, avant la confirmation de l'accord. Vivendi a cédé 0,27%.

Le broker Gilbert Dupont rappelle dans une note que Lagardère avait indiqué à plusieurs reprises que la moitié du produit de cession de Canal+ devrait donner lieu à un dividende exceptionnel (500 millions d'euros, soit 3,8 euros par action).

"L'autre moitié permettra au groupe de poursuivre son désendettement (la dette nette passant de 900 millions d'euros fin juin à 400 millions d'euros post-cession, soit un gearing de 13%), voire de procéder à des acquisitions dans le Travel Retail, le numérique ou la production audiovisuelle (Lagardère aurait racheté Réservoir Prod, la société fondée par Jean-Luc Delarue, pour 15 millions d'euros)", ajoute Gilbert Dupont.

S'agissant de Vivendi, plusieurs analystes ont jugé que les effets de la transaction seraient limités. Le conglomérat est en pleine revue stratégique, avec notamment un projet de scission de ses activités télécoms et médias.

Canal+ France est une filiale de Groupe Canal+, lui-même filiale à 100% de Vivendi.

Après plusieurs années d'initiatives infructueuses, le dossier Canal+ était devenu un "serpent de mer".

Faute d'avoir trouvé un terrain d'entente avec Vivendi sur le prix, Lagardère avait tenté d'introduire en Bourse sa participation en 2011 avant d'y renoncer après le séisme au Japon qui avait entraîné une dégradation des conditions de marché.

Le processus avait été relancé en 2012 avant d'être abandonné une nouvelle fois. En février de cette année, Lagardère avait assigné Vivendi en justice, l'accusant de siphonner la trésorerie de la chaîne.

En mai, Arnaud Lagardère avait été jusqu'à déclarer qu'il était prêt à racheter les 80% de Vivendi dans Canal+ France, un scénario toutefois jugé par beaucoup peu crédible.

Dominique Rodriguez et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Wilfrid Exbrayat