Telecom Italia (TIM) a approuvé dimanche la vente de son réseau de téléphonie fixe à la société américaine de capital-investissement KKR, ce qui en ferait le premier groupe de télécommunications d'un grand pays européen à se séparer de son réseau de téléphonie fixe.

Toutefois, une contestation juridique potentielle de la part de Vivendi, principal investisseur de TIM, a jeté une ombre sur la transaction de 19 milliards d'euros (20,4 milliards de dollars).

Les paragraphes suivants expliquent l'importance de cette vente potentielle :

QU'EST-CE QUI EST EN JEU ?

Le réseau de lignes fixes de TIM couvre près de 89 % des foyers du pays et son câble à fibres optiques s'étend sur plus de 23 millions de kilomètres à travers le pays.

La société cherche également à conclure un accord distinct, beaucoup plus modeste, pour vendre son réseau de câbles sous-marins Sparkle, qui s'étend sur plus de 600 000 km et a une présence directe dans 32 pays.

POURQUOI TIM VEND-IL ?

Paralysée par une dette nette de 26 milliards d'euros et une hémorragie de liquidités, TIM a décidé de se séparer de son principal actif après des années d'efforts infructueux pour restructurer l'entreprise.

La vente est le principal élément du plan du PDG Pietro Labriola pour relancer une entreprise dont les bénéfices diminuent depuis des années en raison d'une concurrence acharnée sur son territoire.

Le réseau de TIM est la principale infrastructure de télécommunications de l'Italie et les gouvernements cherchent depuis des années à s'assurer que des investissements sont réalisés pour le moderniser et le faire passer du cuivre à la fibre optique rapide.

La nouvelle société TIM se concentrera sur ses activités grand public et ses services numériques aux entreprises, ainsi que sur sa lucrative unité brésilienne.

QUI SONT LES PRINCIPAUX ACTEURS ?

Vivendi est le principal actionnaire individuel, avec une participation de près de 24 %. La société a fait valoir que l'offre de KKR sous-évalue le réseau et mettrait en péril la viabilité des activités de services restantes.

Vivendi, qui a investi pour la première fois dans TIM en 2015, a été contraint à plusieurs reprises de réduire la valeur de sa participation.

Le prêteur public CDP est le deuxième investisseur le plus important, avec une participation de près de 10 %.

Le gouvernement de la Première ministre Giorgia Meloni est également impliqué, car il considère les infrastructures de télécommunications comme un actif national stratégique. Le Trésor prévoit de prendre une participation pouvant aller jusqu'à 20 % dans les activités de NetCo qui seront vendues.

Les syndicats souhaitent également protéger les emplois de plus de 40 000 travailleurs de TIM en Italie.

QUEL EST L'ÉTAT DU MARCHÉ ITALIEN DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ?

Au-delà du réseau de TIM, un deuxième grand réseau est en cours de déploiement par Open Fiber, une société contrôlée par CDP et le groupe d'investissement australien Macquarie.

Il a longtemps été question d'essayer de combiner le réseau de TIM avec Open Fiber. Les problèmes de concurrence ont jusqu'à présent empêché la conclusion d'un tel accord, mais le projet pourrait être relancé ultérieurement, éventuellement en excluant certaines parties du réseau d'Open Fiber dans les régions du pays où la demande de connectivité est élevée.

En Italie, la part des ménages ayant accès à une connectivité complète par fibre optique est de 44 %, bien en deçà de la moyenne européenne de 70 %, selon le dernier rapport annuel de l'UE sur la numérisation.

QUELS SONT LES OBSTACLES À LA CONCLUSION D'UN ACCORD ?

Vivendi a publié une déclaration brutale dimanche soir, accusant le conseil d'administration de TIM d'avoir "piétiné" les droits des actionnaires en ne soumettant pas la décision au vote des investisseurs.

"Vivendi utilisera tous les moyens juridiques à sa disposition pour contester cette décision.

Vivendi a mené une bataille juridique de cinq ans devant les tribunaux européens avec la société Mediaset de la famille Berlusconi, aujourd'hui connue sous le nom de MFE-MediaForEurope, au sujet d'un accord de télévision payante qui a échoué en 2016.

La société d'investissement Merlyn Advisors, basée à Londres, qui détient une petite participation dans TIM et a proposé une stratégie alternative, fait également pression pour un vote des actionnaires sur la vente.

(1 dollar = 0,9303 euro)