Zurich (awp) - Le groupe Vifor Pharma a bouclé le premier semestre 2021 sur des résultats globalement conformes aux attentes du marché. Toutefois, après les déconvenues à répétition liées au Veltassa - jusqu'alors pressenti comme le futur moteur des ventes - et le manque d'ambition affiché par la direction, les investisseurs ont copieusement boudé le titre.

Les ventes nettes du laboratoire saint-gallois se sont enrobées de 1,5% en rythme annuel pour atteindre 859,3 millions de francs suisses. La croissance de 5% à taux de change constant (TCC), est principalement à mettre au crédit du portefeuille dédié au fer, alors que les patients retrouvaient l'accès aux soins avec l'assouplissement des restrictions anti-Covid.

"En dépit de conditions toujours difficiles dans certaines régions, nous avons continué à renforcer notre leadership dans le domaine de la carence en fer", a déclaré le patron de Vifor sur le départ, Stefan Schulze, cité jeudi dans un communiqué.

Les recettes générées par Ferinject ont bondi de 22,4% à 320,5 millions de francs suisses, l'utilisation de fer intraveineux étant fortement corrélée à l'intensité des mesures de confinement.

Dans le portefeuille néphrologique, les ventes de Mircera en revanche ont chuté de 18,5% à 218,9 millions de francs suisses, une baisse qui s'explique notamment par la mortalité dans le segment de la dialyse en raison de la pandémie.

Verdict pour Veltassa d'ici la fin de l'année

Le Veltassa, dont le potentiel commercial avait été revu fortement à la baisse fin juin, a généré 54,8 millions de francs suisses (-8,1%). Homologué depuis 2015 contre l'hyperkaliémie aux États-Unis, ce traitement racheté en 2016 à Relypsa pour 1,5 milliard de dollars avait pour vocation de devenir le nouveau moteur des ventes de Vifor.

Les résultats d'une étude de phase III, dont les critères d'évaluation ont été modifiés, sont attendus d'ici la fin de l'année. Le nombre de participants recrutés avait dû être divisé par plus de deux en raison des risques particuliers pour leur santé induits par la pandémie de coronavirus.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) est resté quasiment stable sur un an (+0,2%) à 281,0 millions de francs suisses. Le bénéfice semestriel attribuable aux actionnaires en revanche a bondi de 83,2% à 124,4 millions, essentiellement à la faveur d'effets de réévaluation et de change.

Si les recettes et la performance opérationnelle s'inscrivent dans le cadre des projections des analystes du consensus AWP, le bénéfice net a nettement dépassé les attentes de la communauté financière, qui n'avait visiblement pas anticipé les effets non récurrents.

Au vu des "solides résultats" du premier semestre et de "l'élan positif continu" que connaît actuellement l'entreprise, la direction de Vifor a confirmé ses ambitions pour l'ensemble de l'année, à savoir, une croissance de 1 à 5% des ventes nettes TCC, et de 6 à 9% de l'Ebitda.

Le portefeuille de produits néphrologiques en développement devrait faire l'objet de plusieurs homologations et lancements au cours des 18 prochains mois.

Analystes et investisseurs déçus

La communauté financière déplore que la direction se soit contentée d'une confirmation des objectifs annuels, là où un relèvement était attendu. "Malgré des chiffres solides, qui dans l'ensemble ont atteint, voire légèrement dépassé, les attentes du consensus, certains investisseurs vont se demander pourquoi l'objectif de ventes n'a pas été légèrement relevé", résume dans une note la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

Vontobel pointe du doigt les ventes de Veltassa inférieures aux attentes, alors que la barre avait déjà été abaissée suite au revers qu'avait connu le traitement dans l'extension de son homologation à des pathologies cardiaques. Selon la banque de gestion zurichoise, les chiffres semestriels confirment que Vifor ne peut plus compter que sur un moteur de croissance.

A la Bourse, l'action Vifor a fini en baisse de 3,9% à 123,05 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,19%.

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