Paris (awp/afp) - Malgré un rebond de son activité fin 2016, Veolia est contraint de revoir ses ambitions à la baisse d'ici 2018, et confirme de nouveaux efforts pour réduire ses coûts afin de compenser la pression sur ses marges et un contexte économique incertain.

Depuis plusieurs années, le leader mondial de la gestion de l'eau et des déchets souffre notamment de la faible inflation en Europe, qui limite les prix de ses services et restreint ses marges, notamment dans l'Eau.

"En 2017, nous allons faire face à quelques vents contraires notamment l'inflation en Europe (...) et puis quelques tentations de remunicipalisations, comme notre contrat de chauffage à Vilnius en Lituanie, ou bien à Sheffield en Grande-Bretagne", a expliqué le PDG Antoine Frérot lors d'une conférence téléphonique.

"L'environnement de nos métiers s'est durci au cours des derniers mois (...) Ces efforts supplémentaires nous permettront de continuer à inscrire Veolia sur une trajectoire de croissance rentable", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué.

Conséquence: le groupe mettra un an de plus que prévu pour atteindre les ambitions affichées dans son programme stratégique pour 2018 (croissance de l'activité de 2 à 3% et de l'excédent brut d'exploitation de l'ordre de 5% par an).

Et encore, le chiffre d'affaires n'est désormais attendu qu'en croissance, sans donnée chiffrée, tandis que l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) est espéré entre 3,3 et 3,5 milliards d'euros, contre 3 milliards l'an dernier.

Cette temporisation était sanctionnée par les marchés, l'action Veolia perdant plus de 5% à l'ouverture de la Bourse de Paris.

L'an dernier, le chiffre d'affaires s'est affiché en recul de 2,3% à 24,39 milliards d'euros, légèrement en deçà des attentes du consensus d'analystes compilé par Bloomberg (24,45 milliards).

A changes constants, la baisse est limitée à 0,4%, car le groupe a pu compter sur un rebond au quatrième trimestre (+1,9%), notamment hors d'Europe (+9,1%).

- 'Redémarrage' en 2017 -

"L'exercice 2016 s'est bien terminé", a commenté M. Frérot, preuve selon lui que le groupe parvient "à relayer (ses) activités traditionnelles par des activités nouvelles sur des géographies dynamiques", qui viennent compenser sur l'année les difficultés en France (-1%) et le statuquo en Europe (+0,1%).

Veolia a d'ailleurs décidé de renforcer ses capacités commerciales cette année, pour aller chercher les opportunités de croissance partout dans le monde.

"Nous attendons une très forte croissance hors d'Europe, notamment en Asie, en Amérique du Nord et en Amérique Latine, une croissance modérée en Europe et plutôt sans doute une décroissance ou une stabilité en France", a indiqué M. Frérot.

Au final, pour 2017, le groupe vise "un redémarrage de la croissance du chiffre d'affaires", ainsi qu'une "stabilité ou une croissance modérée" de son Ebitda.

Mais c'est encore une fois la rigueur et les réductions de coûts, moteur principal du retour à la rentabilité ces cinq dernières années, qui vont devoir tirer la performance opérationnelle.

- Economies en plus -

Veolia a décidé de les intensifier, en allant chercher 200 millions d'euros de réductions de coûts supplémentaires d'ici à 2018 pour atteindre désormais 800 millions sur la période 2016-2018.

L'an dernier, les économies ont atteint 245 millions d'euros, soit plus que les 200 millions visés. Elles sont attendues à plus de 250 millions cette année.

Ce sont elles qui ont tiré l'Ebitda l'an dernier (+2%) et le bénéfice net courant qui s'affiche à 610 millions d'euros, au-dessus de l'objectif visé de 600 millions d'euros.

Le bénéfice net a, lui, été pénalisé notamment par des charges de restructurations. Il est en repli de 15% à 382 millions d'euros, très en dessous des attentes des analystes qui tablaient sur plus de 550 millions d'euros.

Toutefois, Veolia a engrangé un flux de trésorerie disponible record de 970 millions d'euros grâce à une réduction du besoin en fonds de roulement, l'endettement net tombant ainsi à 7,8 milliards d'euros.

Fidèle à ce qu'il avait annoncé, Veolia prévoit d'augmenter de 10% son dividende cette année à 0,80 euro par action.

afp/rp