Alors que la société subit une importante pression sur ses marges dans l'eau en France et une crise européenne qui affecte les volumes de déchets, elle entend faire passer d'ici 2018 de 35% à plus de 50% la part de ses ventes réalisées avec des clients industriels, en ciblant notamment les groupes pétroliers et gaziers.

Veolia veut également réaliser plus de la moitié de son chiffre d'affaires sur les marchés en croissance d'ici cinq ans, en ciblant en particulier les pays d'Europe centrale et orientale, la Chine et le reste de l'Asie, le Moyen-Orient, l'Australie et l'Amérique latine.

La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Amérique du Nord représentaient encore près de 65% de son chiffre d'affaires de 29,6 milliards d'euros en 2011.

"Nous nous sommes donné pour Veolia et son avenir une vision, un cap à la fois clair et ambitieux : faire du groupe l'industriel de l'environnement (...), pas une entreprise comme les autres, fût-elle la plus grande, mais l'entreprise de référence de son marché", a déclaré le PDG du groupe, Antoine Frérot, lors d'une présentation à la presse des métiers de Veolia.

En termes de nouveaux marchés, la société compte notamment se développer dans le traitement de l'eau issue de l'exploitation du gaz de schiste et dans le démantèlement de sites nucléaires.

Mais elle prévoit aussi de revoir son offre dans ses métiers traditionnels.

Veolia vise ainsi, dans l'eau, le développement des réseaux intelligents et des prestations d'experts - et non plus d'opérateurs - au service des collectivités. Et, dans la propreté, le groupe table sur le passage de l'élimination à la transformation des déchets.

"UN GROUPE PILOTÉ"

A travers sa filiale Dalkia, qu'il co-détient avec EDF, Veolia se pose en outre en "référence des économies d'énergie", aussi bien pour le bâtiment que pour les industriels.

Entouré des patrons de chaque branche de Veolia, Antoine Frérot a également rappelé que la mise en place d'une direction des opérations par métier et la standardisation des processus d'exploitation répondaient à la nécessité de passer "d'une succession d'activités juxtaposées à un groupe piloté".

Un an après avoir surmonté une tentative d'éviction de la part de certains administrateurs qui lui reprochaient une logique purement comptable basée sur des cessions d'actifs, en particulier après l'annonce du désengagement du transport, Antoine Frérot a de nouveau défendu son action.

"Le désendettement et les économies, ce n'est pas une fin en soi, ce sont des moyens pour redonner à l'entreprise de la flexibilité et des marges de manoeuvre", a-t-il dit.

"Ce n'était pas le cas lors des belles périodes de croissance des années 2000 mais, depuis la crise, notre endettement ne nous donnait pas assez de marges de man?uvre pour pouvoir construire l'avenir", a ajouté Antoine Frérot,

"Depuis la crise de 2008 (...), le contexte a considérablement changé. Ce qui était possible avant ne l'est plus aujourd'hui, le monde a changé profondément et brutalement", a également souligné le patron, qui a succédé en 2009 à Henri Proglio, devenu PDG d'EDF, avec lequel les relations se sont envenimées.

UNE PRÉSENCE GÉOGRAPHIQUE RÉDUITE

Antoine Frérot a également réaffirmé que le groupe concentrerait ses capitaux dans une quarantaine de pays à fin 2013, contre 77 lors de l'annonce de cet objectif, en août 2011.

La société, qui a réfléchi puis renoncé a un rapprochement avec son concurrent Suez Environnement en 2012, souhaite toujours réduire ses coûts d'exploitation bruts de 270 millions d'euros en 2013, 370 millions en 2014 et 500 millions en 2015.

Interrogé sur l'impact de ces économies sur l'emploi, Antoine Frérot a souligné que le groupe employait près de 230.000 personnes, dont 70.000 en France et qu'il comptait en priorité sur le non-renouvellement des départs naturels qui ont lieu chaque année pour réduire ses effectifs.

Veolia a également réaffirmé son objectif de cessions de cinq milliards d'euros sur la période 2012-2013 et son PDG a de nouveau souligné que le groupe était en avance sur ce plan.

Vers 16h55, le titre Veolia progressait de 3,56% à 9,435 euros, surperformant l'indice sectoriel européen (+0,16%). Le titre a gagné plus de 8% en 2012, pour une capitalisation boursière proche de cinq milliards d'euros.

Benjamin Mallet et Geert De Clercq, édité par Matthieu Protard