A la veille de l'assemblée générale des actionnaires du groupe, Philippe Crouzet a en outre estimé que les investisseurs devraient revenir vers la valeur une fois que ces nouvelles usines produiront les résultats escomptés.

L'action Vallourec a chuté de 37% depuis le début de l'année, après un plongeon de 36% en 2011.

Le spécialiste des tubes sans soudure en acier a dû réviser à la baisse début mai ses prévisions de ventes pour 2012 en raison d'une demande plus faible qu'il ne l'avait anticipée sur ses marchés hors pétrole et gaz.

Vallourec a également annoncé à cette occasion que ses nouvelles usines au Brésil et aux Etats-Unis, respectivement conçues pour répondre à la demande internationale et au marché domestique du pétrole et du gaz, seraient opérationnelles plus tard que prévu et entraîneraient en 2012 des coûts plus élevés qu'annoncé.

"Ce qu'il se passe actuellement sur les marchés hors pétrole et gaz conforte notre vision stratégique, et les deux choix géographiques que nous avons faits (...) étaient et restent les meilleurs", a toutefois estimé Philippe Crouzet lors d'un entretien accordé à Reuters.

"PLANNING RAISONNABLE" AU BRÉSIL

Le président du directoire de Vallourec a confirmé que l'année 2012 devrait marquer un point bas pour le groupe en termes de résultats et de marges, soulignant que les frais liés aux nouvelles usines baisseraient en 2013.

"On ne prévoit pas de risques nouveaux au Brésil. On a défini un planning raisonnable, que nous devons pouvoir atteindre sans surprise", a-t-il souligné.

"Nous souhaitons rassurer sur le fait que les risques sont derrière nous. Il y a toujours des risques dans une activité industrielle mais ce sont des risques normaux, il n'y a pas d'aléas aussi importants que ceux que nous venons de vivre."

Vallourec estime que les conditions de marché en Amérique du Nord lui sont même aujourd'hui plus favorables que lorsqu'il a lancé son projet de nouvelle usine.

"On a fait l'investissement américain début 2010 en visant le marché des gaz de schistes (...) Depuis, on a vu apparaître les huiles de schistes comme une alternative et, comme les prix du gaz ont beaucoup chuté, un certain nombre d'opérateurs se sont déplacés vers cette ressource. Ce qui veut dire que notre projet repose non plus sur une seule mais sur deux jambes", a souligné Philippe Crouzet.

Interrogé sur ce qui permettrait à Vallourec de retrouver les faveurs du marché, il a estimé que les premiers résultats des nouvelles usines du groupe devraient porter leurs fruits, notamment lorsque les premiers tubes à forte valeur ajoutée sortiront des chaînes de production.

"Je pense que le marché et les actionnaires, dans un environnement qui n'est pas bon vis-à-vis des actions en général, attendent de voir concrètement les nouvelles usines produire."

"Les difficultés liées à nos projets ne devraient pas avoir d'impact majeur sur notre politique de distribution dividendaire", a en outre indiqué Philippe Crouzet, alors que Vallourec distribue en moyenne un tiers de son résultat net mais propose au titre de 2011 un taux de 39%.

L'EUROPE ET LA CHINE, DEUX INCONNUES

Reste que deux inconnues pourraient encore peser sur le cours de Bourse de Vallourec : le niveau de confiance des investisseurs à l'égard des valeurs européennes et une croissance une nouvelle fois moins forte que prévu en Chine.

"On souffre probablement aussi d'être une valeur européenne. Il y a aujourd'hui un courant vendeur assez fort de la part des investisseurs non européens sur les valeurs européennes et il n'y a pas beaucoup de courants acheteurs", a déclaré Philippe Crouzet.

"La croissance chinoise n'est pas aussi dynamique que prévu et, dans un univers extrêmement volatil et plein d'incertitudes, au niveau de la macroéconomie mondiale, c'est un facteur majeur", a-t-il ajouté, alors que Vallourec a subi au premier trimestre une baisse des prix du minerai de fer et un ralentissement de la demande chinoise enregistrée par certains de ses clients.

"Il y a peut-être un recalage qui est en train de se faire sur le taux de croissance de la Chine, mais on voit bien qu'il y a une volonté des autorités chinoises, et qu'elles ont les moyens de le faire, de relancer la consommation et l'investissement dans le pays."

Edité par Dominique Rodriguez

par Benjamin Mallet et Elena Berton