"Vallourec vise une hausse de ses ventes et de sa rentabilité en 2013. Au vu des résultats du troisième trimestre et sur neuf mois, êtes-vous satisfait du chemin parcouru ?

Les résultats du Groupe pour le troisième trimestre 2013 sont dans la même ligne que ceux publiés au deuxième trimestre, c'est-à-dire en nette progression par rapport à ceux de 2012, et nous continuons de viser pour l’exercice 2013 une hausse des volumes et de notre chiffre d’affaires, ainsi qu’une amélioration de notre ratio RBE sur chiffre d’affaires.

En dépit d’un effet de change négatif de 8%, le chiffre d’affaires du troisième trimestre 2013 s’est élevé à près d’1,4 milliard d’euros, en croissance de 3,4% par rapport au troisième trimestre 2012. Nous avons enregistré à la fois une croissance en volumes de la production expédiée s’élevant à 4% et un effet prix / mix positif de 7%.

Cette performance s’explique par l’augmentation du chiffre d’affaires Pétrole & gaz qui a progressé de 13%. Ceci a eu un effet très positif sur nos résultats. Malgré le relativement faible niveau d’activité de nos usines européennes, notamment pour ce qui concerne les marchés Energie électrique et Industrie, le taux de marge brute d’exploitation de Vallourec a ainsi atteint 17,4% du chiffre d’affaires au troisième trimestre 2013 contre 15,6% au troisième trimestre 2012. En valeur absolue, le Résultat Brut d’Exploitation s’est amélioré de plus de 15% à 240 millions d’euros. Le Résultat net part du Groupe a, quant à lui, progressé de 29% à 80 millions d’euros.

Concernant nos résultats pour les neuf premiers mois de l’année, la tendance est à peu près similaire. Le chiffre d’affaires est en hausse de près de 3% par rapport à l’an dernier, malgré un effet de change négatif de 5%. Le Résultat Brut d’Exploitation est en hausse de 20%. Il représente 16,7% du chiffre d’affaires contre 14,3% au cours des neuf premiers mois de 2012. Et le résultat net est également en hausse de 20%.

Vous avez indiqué que l’affaiblissement du real et du dollar pèseraient sur les résultats du quatrième trimestre et au-delà. Etes-vous néanmoins confiant pour 2014 ?

Il est encore trop tôt pour donner des indications précises sur l’ensemble de l’année 2014. Dans le domaine du Pétrole & gaz, nous continuons à profiter d’une activité soutenue au Moyen-Orient, en Afrique, en Mer du Nord : nous disposons actuellement d’un solide carnet de commandes dans ces régions, ce qui nous donne une bonne visibilité pour les 6 à 8 mois à venir. Aux Etats-Unis, nous n’attendons pas de reprise du forage gazier à court terme, mais la montée en puissance de notre nouveau laminoir nous permet d’élargir notre offre, notamment sur le marché de l’huile de schiste, ce qui se traduira par une croissance des volumes mais un mix produits moins favorable. Au Brésil, comme déjà annoncé, nous allons faire face à un ajustement temporaire de la demande de Petrobras qui a décidé de donner la priorité, pour les 3 prochains trimestres, à la mise en production de puits déjà forés. Cette décision va se traduire pour Vallourec par une baisse des volumes livrés au quatrième trimestre 2013 et au premier semestre 2014. A ce jour, nous sommes néanmoins confiants dans le fait que la livraison de tubes destinés à l’équipement de nouveaux puits au Brésil reprendra à partir de mi-2014.

Pour ce qui concerne les marchés hors Pétrole & gaz, l’environnement économique reste difficile en Europe et, pour le moment, nous ne voyons aucun signe de reprise.

En 2013 l’effet de conversion lié à la faiblesse du real pèsera sur nos résultats. Il sera compensé en 2014 par l’effet positif sur la compétitivité de nos exportations en dollars depuis le Brésil. La production premium de notre nouvelle usine monte progressivement en puissance maintenant que le processus de qualification par nos grands clients est bientôt terminé.

Vos activités Pétrole et Gaz représentent près de 70% de votre chiffre d’affaires? Quelles sont vos perspectives sur ce marché ?

La part des activités Pétrole & gaz dans le chiffre d’affaires du Groupe a crû de façon régulière au cours des dernières années : elle était de 23% en 2000, 46% en 2007 et 67% aujourd’hui. Ce sont aussi les activités dégageant les plus fortes marges. Pour les années à venir, les nouvelles usines récemment mises en service par Vallourec au Brésil et aux Etats-Unis vont progressivement augmenter leur production, essentiellement dédiée aux applications Pétrole & gaz.

Par ailleurs, la demande mondiale d’hydrocarbures va continuer à progresser – selon l’Agence Internationale de l’Energie la part des énergies fossiles représenteront en effet 80% de la demande d’énergie primaire à l’horizon 2020. Pour accompagner la croissance de la demande de Pétrole & gaz il va impérativement falloir faire face à la déplétion, c’est-à-dire à l’appauvrissement de la production des champs actuellement en exploitation, et investir dans le forage de nouveaux champs pour augmenter la production tout en reconstituant les réserves. Or, le Pétrole et le gaz sont de plus en plus difficiles d’accès et c’est précisément dans l’exploitation de puits complexes en offshore ou offshore profond, dans des environnements à haute pression, à haute température ou acides, dans des bassins schisteux ou sous d’importantes couches de sel, que les solutions tubulaires premium de Vallourec sont les plus pertinentes. Nos produits apportent en effet un niveau de technicité qui se traduit par une plus grande résistance, une meilleure étanchéité et, au final, une plus grande fiabilité, ce qui correspond aux besoins d’efficacité et de sécurité de nos clients.

Dans ce contexte, le marché mondial des tubes dédiés à l’équipement des puits devrait croître de 5% par an entre 2012 et 2018 tandis que le segment des tubes de qualité premium devrait quant à lui croître de 8% par an. On va donc assister à la fois à une augmentation des volumes et une sophistication de la demande de tubes à plus forte valeur ajoutée, qui constitue notre marché de prédilection.

N’êtes-vous pas arrivé trop tard sur le marché américain du gaz de schiste, qui semble plafonner aujourd’hui ?

En aucun cas ! Je vous rappelle que nous avons, les premiers, décidé en 2010 d’investir aux Etats-Unis dans la construction d’une nouvelle usine dédiée à la production de tubes de petits diamètres, destinée précisément à accompagner l’essor du marché américain des hydrocarbures de schiste. Cet investissement a d’ailleurs été finalisé en un temps record, puisque notre nouveau laminoir a commencé à produire ses premiers tubes il y a tout juste un an, là où certains de nos concurrents ne seront à même de démarrer leurs nouvelles unités qu’à partir de 2016.

Je rappelle ensuite que le marché américain, aujourd’hui largement dominé par l’exploitation des bassins schisteux, est le premier marché au monde. C’est à la fois un marché en croissance, puisque nous anticipons une progression annuelle de la demande de tubes sans soudure de 4,5% par an sur la période 2012-2017, un marché fortement importateur par manque de capacités de production sur place et pourtant un marché de plus en plus enclin à favoriser la production locale, notamment pour des raisons de délais d’approvisionnement ou même de préférence nationale.

A court terme, pour des raisons économiques liées à un prix du baril élevé et au faible niveau du prix du gaz, la production d’huile de schiste a largement supplanté celle de gaz de schiste. Ceci se traduit par une demande de tubes orientée vers un mix produits moins premium. Nous restons cependant convaincus qu’avec l’accroissement à terme de la consommation de gaz, la production de gaz de schiste repartira à la hausse et nous serons alors en mesure de bénéficier encore plus pleinement de nos nouvelles installations.

Pourquoi selon-vous le titre Vallourec vaut-il aujourd’hui deux fois moins qu’en 2011?

N’oublions pas que la conjoncture économique a affecté directement les marchés sur lesquels nous évoluons, notamment les marchés de l’industrie en Europe. Par ailleurs, je vous rappelle que nous avons mené de front la construction de deux importants nouveaux laminoirs, l’un au Brésil et l’autre aux Etats-Unis. Or l’année 2012 a correspondu à la mise en service concomitante de ces deux usines. Nous avons donc subi au même moment l’impact de leurs coûts de démarrage. Tout cela s’est logiquement traduit par une baisse de notre résultat net part du Groupe entre 2011 et 2012.

S’il est vrai que l’action Vallourec a subi une baisse significative entre mai 2011 et juin 2012, depuis, les marchés ont progressivement intégré les perspectives liées à la bonne tenue de nos activités Pétrole & gaz et la montée en puissance de nos nouvelles usines.

Pour ce qui est des perspectives, nous sommes confiants qu’à l’issue de l’important cycle d’investissements qui a marqué la période récente, le Groupe va maintenant bénéficier de l’apport de ses nouvelles usines pour tirer parti du dynamisme du marché du Pétrole et gaz sur le moyen et le long terme.
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