par Giselda Vagnoni et Alessandra Galloni

MILAN, 20 février (Reuters) - Les autorités italiennes espèrent mettre sur pied dans les prochaines semaines une structure de défaisance qui reprendrait les créances douteuses du secteur bancaire et réglerait ainsi l'un des principaux problèmes économiques du pays.

Le ministre de l'Economie Pier Carlo Padoan a rencontré vendredi le gouverneur de la Banque d'Italie pour accélérer les préparatifs, selon une source informée. Rome est parallèlement en contact avec la Commission européenne pour s'assurer que les garanties publiques qui seraient apportées à la "bad bank" ne violeraient pas la réglementation européenne sur les aides d'Etat.

Rome ne souhaite pas de participation directe importante dans la nouvelle entité mais l'Etat apporterait sa garantie aux obligations qu'elle émettrait pour racheter les créances douteuses, selon des sources. "Le rôle de l'Etat sera limité et conforme aux règles européennes", a affirmé Pier Carlo Padoan cette semaine.

Selon le Fonds monétaire international, les banques italiennes ont accumulé pour quelque 330 milliards d'euros de créances présentant un risque probable ou certain de non recouvrement. Ce montant, équivalent à 20% du produit intérieur brut italien, a triplé depuis 2007.

La complexité des procédures de faillite et de la fiscalité en Italie fait que les banques peuvent difficilement revendre ces créances, comme c'est le cas dans d'autres pays. En conséquence, elles ont pour la plupart fermé le robinet du crédit, au risque d'enfoncer encore plus le pays dans la crise.

Le gouvernement de Matteo Renzi espère que la création de la structure de défaisance permettra aux banques de reprendre la distribution de crédits, mais il lui faut convaincre l'opinion publique du bien-fondé de son initiative.

"Il est hors de question de faire un cadeau aux banques", a affirmé cette semaine le sous-secrétaire d'Etat Sandro Gozi alors que nombre d'électeurs tiennent les banques pour responsables de la crise financière de 2007-2008.

Les deux principales banques italiennes, Intesa Sanpaolo et UniCredit, sont également réticentes mais pour d'autres raisons : elles ne veulent pas voir leur image écornée par un plan qui ressemblerait de près ou de loin à une aide d'Etat et, si la situation venait à s'améliorer, elles entendent en tirer bénéfice directement. Unicredit a ainsi récemment vendu pour 2,4 milliards d'euros un portefeuille de créances douteuses à la firme d'investissement américaine Fortress.

Les petits établissements, eux, ne font pas de difficulté. "C'est sûr que je ne dirais pas non", a dit l'administrateur délégué de Banco Popolare, Pier Francesco Saviotti, à propos du projet gouvernemental. Cet établissement a fini 2014 avec 22 milliards d'euros de créances douteuses.

Selon le projet en gestation, la nouvelle entité serait détenue par les banques ou d'autres investisseurs, l'Etat n'ayant tout au plus qu'une participation symbolique.

La structure démarrerait avec un capital de trois milliards d'euros et pourrait acheter jusqu'à 50 milliards d'euros de créances douteuses, selon une source au fait des préparatifs. (avec Andrew Winterbottom et Anna Brunetti, Véronique Tison pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Intesa Sanpaolo SpA, UniCredit SpA