(Actualisé avec début de l'opération, détails)

TOKYO, 24 août (Reuters) - Le Japon a commencé jeudi à déverser dans l'océan Pacifique l'eau radioactive retraitée de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, suscitant l'inquiétude voire la colère de pays voisins, en premier lieu de la Chine.

Ce projet, approuvé il y a deux ans par le gouvernement japonais, est indispensable pour poursuivre le démantèlement du site submergé par le tsunami de mars 2011.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a donné son accord au projet en juillet dernier, estimant que le plan de déversement des eaux polluées était conforme aux normes de sécurité et n'aurait qu'un "impact radiologique négligeable sur les personnes et l'environnement".

L'exploitant de la centrale, Tepco (Tokyo Electric Power), a indiqué que les eaux avaient commencé à être relâchées dans l'océan Pacifique à 13h03 heure locale (04h03 GMT) et qu'aucune anomalie n'avait été détectée au niveau de la pompe à eau de mer ou des installations environnantes.

Un porte-parole de l'Administration chinoise de la sûreté nucléaire a déclaré jeudi que le gouvernement japonais était "extrêmement égoïste et irresponsable" d'avoir débuté le relâchement des eaux contaminées, "mettant en avant ses intérêts égoïstes avant le bien-être de l'humanité".

La Chine a indiqué qu'elle prendrait également les mesures nécessaires pour protéger l'environnement marin, la sécurité alimentaire et la santé publique, et qu'elle surveillerait les niveaux de radioactivité des eaux.

Tokyo a accusé la Chine de diffuser des "affirmations scientifiquement infondée" et a soutenu que l'eau déversée dans l'océan Pacifique ne présentait pas de danger.

De nombreux pays de la région ont fait part de leur inquiétude quant au rejet de l'eau contaminée, notamment concernant son impact sur le secteur de la pêche.

Les pêcheurs japonais se sont également opposés au projet, craignant qu'il ne nuise à la réputation de leurs produits.

Hong Kong et Macao, deux régions administratives spéciales chinoises, ont annoncé qu'elles interdiraient à partir de jeudi l'importation de produits de la mer en provenance de plusieurs préfectures du Japon, dont celles de Tokyo et Fukushima.

Des manifestations ont été organisées au Japon et en Corée du Sud pour protester contre le projet. La police sud-coréenne a arrêté 14 manifestants qui tentaient de s'introduire dans l'ambassade du Japon à Séoul.

Avant le début de l'opération, quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés devant le quartier général de Tepco, à Tokyo, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Ne rejetez pas l'eau contaminée dans la mer!"

L'eau contaminée a servi à refroidir les barres de combustible en fusion de la centrale de Fukushima après l'accident de 2011.

Elle doit être filtrée afin d'extraire la plupart des éléments radioactifs à l'exception du tritium, difficile à séparer de l'eau, puis diluée avant d'être relâchée dans le Pacifique. (Reportage Sakura Murakami; version française Camille Raynaud, édité par Bertrand Boucey)