Mis en appétit par une classe moyenne qui se développe rapidement sur place, beaucoup de groupes étrangers ont tenté l'aventure de la distribution en Chine mais se sont rendus compte qu'ils connaissaient mal les us et coutumes locaux, lorsqu'il s'agissait par exemple de nouer des liens avec les fournisseurs sur place.

L'allemand Metro a dit en janvier qu'il renonçait à faire de l'électronique grand public en Chine, tandis que l'américain Home Depot a dit en 2012 qu'il fermerait ses sept hypermarchés de bricolage. De son côté, Wal-Mart Stores perd des parts de marché au profit du chinois Sun Art Retail Group.

Sun Art, leader des hypermarchés en Chine avec une part de marché de 13,6%, est une coentreprise constituée entre le conglomérat taïwanais Ruentex Group et Groupe Auchan .

"Tesco est à la peine en Chine et perd de l'argent. Comme Carrefour, il avait des problèmes sur son marché intérieur qu'il lui fallait résoudre", a dit un banquier basé à Hong Kong. "Ca paraît pertinent mais en réalité Tesco avoue qu'il ne comprend pas grand chose à la Chine".

Suivant l'accord que Tesco a passé avec China Resources Enterprise (CRE), deuxième gérant d'hypermarchés chinois, ce dernier prendra 80% de la coentreprise. Sa filiale Vanguard gère 2.986 magasins, surtout des hyper ou supermarchés, en Chine et à Hong Kong, tandis que Tesco, troisième distributeur mondial, a 131 magasins.

La coentreprise permettra aux deux associés de développer leurs hypermarchés, supermarchés, magasins de proximité, enseignes "cash and carry" et boutiques de spiritueux en Chine, expliquent-ils dans un communiqué.

BYE BYE ÉTATS-UNIS ET JAPON

Ce partenariat intervient alors même que Li Ka-shing, l'homme le plus riche d'Asie, envisage de vendre ses supermarchés de Hong Kong, qui représentent environ quatre milliards de dollars.

CRE passait pour un repreneur potentiel de ces actifs mais sa nouvelle alliance avec Tesco risque de le détourner définitivement de cette opportunité, estiment des banquiers.

Selon des personnes proches du dossier, Wal-Mart serait en revanche intéressé.

Tesco a passé cette année une dépréciation de 3,5 milliards de dollars sur ses opérations internationales et fait part de son intention de se retirer des Etats-Unis. Il a mis fin en 2012 à son offensive au Japon en payant Aeon, le deuxième distributeur nippon, pour qu'il le débarrasse de ses actifs déficitaires.

Tesco réalise les deux tiers environ de son chiffre d'affaires en Grande-Bretagne où jouent contre lui le shopping en ligne, la hausse des prix de l'essence et d'une manière générale des dépenses de consommation affaiblies.

Il a également moins investi sur ses concurrents locaux Sainsbury et Asda, filiale de Wal-Mart, et a lancé un programme de rénovation d'un milliard de livres.

Selon Euromonitor, le marché chinois des hypermarchés pèsera sans doute près de 864 milliards de yuans (105 milliards d'euros) d'ici 2015 contre 660 milliards environ en 2013.

Vers 9h45 GMT, le titre Tesco avançait de 1,11% à 373,1 pence à la Bourse de Londres alors que l'indice regroupant les valeurs de la distribution européennes prenait 0,29%.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten

par Denny Thomas et Donny Kwok