Milan (awp/afp) - Nouvel épisode de la saga Telecom Italia: le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, a démissionné lundi de son poste de membre du conseil d'administration du groupe italien, en confirmant toutefois "le fort intérêt de Vivendi de rester un investisseur de long terme".

Dans un courrier adressé à Telecom Italia (TIM), M. de Puyfontaine a communiqué "sa décision irrévocable de quitter son rôle actuel de membre du conseil d'administration avec effet immédiat", a-t-il indiqué.

"Dans cette phase de dialogue" entre les principaux actionnaires de Telecom Italia et le gouvernement italien sur l'avenir de l'opérateur, il est "essentiel que toutes les parties concernées puissent travailler d'une manière constructive et transparente au bénéfice de TIM et tous les actionnaires", écrit-il.

En démissionnant, M. de Puyfontaine souhaite ainsi se donner davantage de marges de manoeuvre dans cette concertation.

L'objectif de Vivendi, principal actionnaire du groupe avec une part de 23,75%, est "de rétablir une trajectoire de croissance pour Telecom Italia et de voir reconnue la valeur réelle de l'entreprise et du réseau".

M. de Puyfontaine a également "confirmé le fort intérêt de Vivendi de rester un investisseur de long terme".

Dans un communiqué, Telecom Italia a confirmé l'information, soulignant que "TIM et l'Italie restent au coeur des plans d'investissement de Vivendi."

Concernant le conseil d'administration de TIM, le géant français des médias s'était dans le passé montré critique sur le bilan de son président, Salvatore Rossi.

Avenir capitalistique

Le départ soudain d'Arnaud de Puyfontaine est le dernier épisode d'un long feuilleton autour de la gouvernance du groupe italien et de son avenir capitalistique.

Alors que le projet d'un réseau unique avait été soutenu par l'ancien gouvernement de Mario Draghi, le nouvel exécutif, dirigé par Giorgia Meloni, avait suspendu fin novembre une éventuelle offre de la Caisse des dépôts italienne (CDP), l'autre grand actionnaire de TIM avec une part de 9,81%, pour le rachat de son réseau en vue de sa fusion avec celui de son concurrent Open Fiber.

"Parler maintenant d'une OPA totalitaire relève de la fantaisie, personne n'en a jamais parlé", avait assuré fin novembre le sous-secrétaire d'Etat chargé de l'Innovation technologique, Alessio Butti.

L'objectif du gouvernement est "un réseau sous contrôle public" mais les moyens d'y arriver ne sont pas encore définis, avait-il encore expliqué.

Les estimations de la valeur du réseau allaient de 15 milliards d'euros, selon des analystes, aux 31 milliards d'euros réclamés par Vivendi.

Le PDG de Telecom Italia, Pietro Labriola, avait en outre déclaré à la mi-décembre que l'opérateur devait "vendre certains actifs" pour réduire sa dette, qui s'élève à 25,5 milliards d'euros.

Le gouvernement italien s'était engagé fin novembre à esquisser pour fin 2022 les "meilleures solutions de marché" possibles pour Telecom Italia, entreprise qu'il juge "stratégique", sans toutefois annoncer de propositions concrètes.

Vivendi avait ensuite salué fin décembre le "climat serein et constructif" dans lequel se déroule la concertation avec le gouvernement italien.

M. de Puyfontaine avait estimé que ce climat pourrait préparer le terrain "pour envisager d'autres investissements en Italie qui peuvent sceller le partenariat entre l'Italie et la France", selon un communiqué diffusé en italien.

Le fonds d'investissement américain KKR, actionnaire à hauteur de 37,5% de FiberCo (gestionnaire du réseau de TIM), avait proposé en novembre 2021 10,8 milliards d'euros pour racheter Telecom Italia, en vain.

afp/rp