Vers 10h40 GMT, le titre plonge de 11,03% à 199,30 francs suisses après un plus bas du jour à 192,20, un niveau qu'il n'avait plus vu depuis décembre 2005. L'action avait déjà souffert la veille dans le sillage des chiffres inférieurs aux attentes de Bâloise. L'indice suisse des valeurs vedettes progresse au même moment de 0,45%.

"Il est devenu clair que nous ne pourrons pas atteindre les objectifs financiers fixés pour 2008", explique la compagnie d'assurances dans un communiqué.

Le groupe table sur un bénéfice entre 1,8 et 1,9 milliard de francs suisses, soit entre 300 à 400 millions pour ses activités poursuivies.

En outre, Swiss Life ne s'attend pas à pouvoir réaliser l'objectif de bénéfice par action fixé pour 2009. Au-delà, l'assureur pense pourtant pouvoir atteindre une croissance du bénéfice de 12% et un rendement des fonds propres de 12%.

Le groupe maintient son programme de rachat de titres pour un volume d'un milliard de francs, montant qu'il avait réduit pour racheter une participation dans MLP et prévoit d'attribuer 600 millions de francs pour le dividende, ce qui représente une quote-part de 40 à 60% du bénéfice.

FAIBLESSE DES ACTIVITÉS POURSUIVIES

Cet avertissement intervient alors que le premier semestre n'a pas répondu aux prévisions.

Le bénéfice net a plus que doublé à 1.637 millions de francs suisses mais les analystes en attendaient 1.817 millions. Le poste comprend un produit de 1,5 milliard de francs de la vente d'activités néerlandaises et belges ainsi que de la Banque du Gothard.

Les fonds propres sont restés stables à 7.240 millions et leur rendement (ROE) annualisé a bondi à 50,2% pour la période sous revue contre 17,3% un an plus tôt, en raison des effets uniques. La valeur intrinsèque s'est en revanche effritée à 12,55 milliards après 12,84 milliards.

Le bénéfice net des activités poursuivies a chuté de 64% à 152 millions de francs. Le recul s'explique par la baisse de 2,2 milliards de francs du résultat financier.

Le directeur financier Thomas Müller a affirmé lors de la conférence de presse que le groupe n'aurait pas besoin de procéder à d'autres dépréciations au second semestre.

En outre, la période sous revue a accusé une perte en capitaux de 1,2 milliard après un gain de 516 millions un an plus tôt, Swiss Life mettant en cause la chute des bourses en Europe et la hausse des taux d'intérêt.

Le résultat d'exploitation des activités poursuivies a plongé de 63% à 227 millions après 610 millions. Le recul s'est fait sentir dans la plupart des pays d'Europe, reconnaît Swiss Life.

Les primes brutes inscrites des activités poursuivies ont progressé de 5% à 10.888 millions.

"Des chiffres inférieurs à toutes les attentes. Auxquels s'ajoute l'avertissement sur bénéfice alors que le groupe a déjà réduit son programme de rachat de titres et se trouve engagé dans un bras de fer avec MLP. Il y a vraiment un problème", s'inquiète un courtier.

"Et dire que Swiss Life confirmait ses prévisions il y a deux semaines encore...", fustige un autre.

Fabrizio Croce chez Landsbanki Kepler se montre encore plus sévère. "A nouveau des chiffres désastreux. Nous sommes stupéfaits par l'ampleur des problèmes de Swiss Life et sidérés par la contribution insignifiante des opérations continues", explique-t-il dans une note de recherche.

"C'est à se demander comment un groupe dans cet état peut sérieusement envisager une offre inamicale", ajoute-t-il en référence à MLP.

Le directeur général Bruno Pfister a reconnu lors d'une conférence de presse jeudi que les relations sont tendues avec le groupe allemand et il exclut désormais toute volonté hostile qui ne serait "pas dans l'intérêt des parties concernées", privilégiant des démarches en concertation étroite avec MLP.

La réponse n'a pas tardé, MLP faisant savoir qu'il repoussait toute discussion avec Swiss Life et qu'il considérait son paquet de titres comme une participation financière exclusivement.