par Anne Marie Roantree et Sumeet Chatterjee

HONG KONG, 3 août (Reuters) - Un nouveau rassemblement a débuté samedi à Hong Kong où la contestation antigouvernementale se poursuit en dépit des mises en garde de Pékin.

Des milliers de manifestants se sont mis en route à Mong Kok, un quartier populaire et très commerçant situé sur la partie continentale du territoire. En 2014, lors de la "révolte des parapluies", les rues étroites de Mong Kok avait été le théâtre de certains des affrontements les plus violents.

De nombreux manifestants portaient des casques de chantier. Croisé dans le cortège, Ivan, un étudiant de vingt ans, se disait un peu inquiet. "La police pourrait recourir à des actions violentes contre les manifestants", a-t-il dit. "Le trajet suivi par la manifestation est étroit, et si nous voulons partir, il pourrait être difficile d'échapper à la police."

Le mouvement de contestation, né du rejet d'un projet de loi qui aurait permis l'extradition de suspects vers la Chine continentale, s'est élargi depuis le mois de juin à des revendications plus larges, dont la démission de la cheffe de l'exécutif local, Carrie Lam, soutenue par Pékin, et la protection des libertés et de l'autonomie dont jouit Hong Kong depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

Le niveau des violences a également augmenté au fil des semaines, la police étant accusée d'avoir recouru à un usage excessif de la force contre les manifestants et d'avoir manqué à ses obligations de protéger ces derniers contre des attaques imputées à des gangs.

La foule rassemblée ce samedi à Mong Kok était dans l'ensemble plutôt jeune, mais des familles et des personnes âgées se sont également déplacées.

En fin d'après-midi, tout au long du trajet, la plupart des magasins étaient fermés, rideaux métalliques tirés.

Sur l'autre rive de Victoria Harbour, sur l'île de Hong Kong, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans le parc Victoria pour exprimer leur soutien à la police hongkongaise.

Brandissant des drapeaux hongkongais et chinois, ils ont acclamé le député Junius Ho, loyal à Pékin. "Nous sommes le véritable peuple de Hong Kong, a-t-il dit, nous ne sommes pas les mêmes que ces voyous en tee-shirt noir. Nous n'avons pas besoin d'une soi-disant révolution à Hong Kong."

D'autres rassemblements antigouvernementaux sont prévus dimanche, et des appels à la grève ont été lancés pour lundi.

Le mouvement en cours constitue la plus grave crise politique qu'ait vécue Hong Kong depuis la rétrocession.

C'est aussi un défi lancé au président chinois Xi Jinping d'une ampleur sans précédent depuis son accession au pouvoir, en 2012. (avec Vimvam Tong, Donny Kwok et Marius Zaharia Henri-Pierre André pour le service français)