* Le candidat du Parti démocrate remporte plus de 40% des voix

* Annonce du gouvernement sans doute dès mercredi

* Moon Jae-in prône un dialogue avec la Corée du Nord

* Il veut aussi réformer les conglomérats (Nouvelle version avec résultats officiels, précisions sur la journée de mercredi)

par Ju-min Park, Joyce Lee, Se Young Lee et Cynthia Kim

SEOUL, 10 mai (Reuters) - Le nouveau président sud-coréen de centre gauche, Moon Jae-in, prendra officiellement ses fonctions mercredi au lendemain d'une large victoire électorale avec pour mission d'apaiser les tensions avec la Corée du Nord et de tourner la page de la retentissante affaire de corruption qui a secoué le pays.

"Je vais rendre ce pays juste et uni", a déclaré celui qui représentait le Parti démocrate sud-coréen (PD ou Minjoo) devant ses partisans rassemblés vers minuit. "Je serai un président au service de tous ceux qui n'ont pas voté pour moi."

Avocat et défenseur des droits de l'homme âgé de 64 ans, Moon Jae-in, devrait annoncer dans la foulée la composition du gouvernement et le nom de ses conseillers. Il s'agit de mettre fin rapidement au vide du pouvoir consécutif à la destitution en mars dernier de la précédente présidente, Park Geun-hye, impliquée dans une importante affaire de corruption.

La commission électorale a confirmé la victoire de Moon peu après 08h00 locales, lançant ainsi le début de sa présidence.

Selon l'agence de presse Yonhap, le président a déjà choisi son Premier ministre. Il s'agirait de Lee Nak-yon, un gouverneur de province.

Selon les résultats définitifs de ce scrutin à un tour, Moon Jae-in a remporté 41,1% des suffrages, contre 24% à son rival conservateur Hong Joon-pyo et 21,4% au centriste Ahn Cheol-soo. Le taux de participation, de 77,2%, est le plus élevé depuis 20 ans.

La première décision du président, qui tiendra une conférence de presse à 14h30 (05h30 GMT) à la Maison bleue, siège de la présidence, a été de téléphoner au chef d'état-major des armées, Lee Run-in, a déclaré un porte-parole à Reuters.

Le président a été également briefé sur la question militaire entre les deux Corées, indique un communiqué du Parti démocrate.

Le nouveau chef de l'Etat, dont les parents sont nés au nord de l'actuelle zone démilitarisée (DMZ), prône une politique d'apaisement avec la Corée du Nord. "Lorsque adviendra une réunification pacifique, la première chose que je veux faire est d'emmener ma mère de 90 ans dans sa ville natale", écrit-il dans un livre publié en janvier.

ALLIANCES

Moon Jae-in devra aussi apaiser les tensions avec la Chine, irritée par le déploiement sur le sol sud-coréen du système antimissile américain THAAD, destiné à protéger le pays de son voisin nord-coréen mais considéré par Pékin comme une menace pour sa sécurité.

Le président chinois Xi Jinping a félicité son nouvel homologue sud-coréen, a annoncé l'agence de presse officielle Chine nouvelle.

La Chine, a dit le numéro un chinois dans son message, souhaite traiter de façon appropriée le différend avec la Corée du Sud, sur la base de la confiance et d'une compréhension mutuelle.

La dépêche de Chine nouvelle ne fait pas d'allusion directe à la Corée du Nord ni au système THAAD.

Le futur locataire de la Maison bleue veut aussi réformer les "chaebols", ces conglomérats familiaux comme Samsung ou Hyundai qui contrôlent l'économie sud-coréenne et dont le scandale Park Geun-hye a mis en lumière les travers.

Il souhaite aussi créer 500.000 emplois par an.

Il devra pour cela constituer des alliances, son parti comptant 119 des 299 élus à l'Assemblée nationale.

Moon Jae-in avait été battu de justesse par Park Geun-hye en 2012. Confirmée en mars, la destitution de sa rivale, une première pour un dirigeant démocratiquement élu en Corée du Sud, lui a offert une nouvelle chance d'accéder à la fonction suprême.

Etudiant en droit dans les années 1970, il avait été arrêté à deux reprises lors des manifestations pour la démocratie sous la dictature de Park Chung-hee, le père de Park Geun-hye, et de son successeur, Chun Doo-hwan.

De 2003 à 2008, il a été conseiller du président Roh Moo-hyun, dont le mandat a été marqué par une tentative de rapprochement avec le Nord symbolisé par l'ouverture du parc industriel intercoréen de Kaesong en 2004 et par le sommet de 2007 avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il.

C'est le suicide de son mentor en 2009, impliqué dans une affaire de corruption après la fin de son mandat, qui l'a conduit à briguer une fonction élective, remportant en 2012 un siège de député à Busan mais échouant à l'élection présidentielle la même année.

Le département d'Etat américain a dit vouloir poursuivre "une coopération étroite, profonde et constructive" avec le prochain président de la Corée du Sud.

Le président américain Donald Trump a promis d'empêcher le régime de Pyongyang de se doter de missiles balistiques intercontinentaux aptes à transporter une charge nucléaire dans un rayon englobant le territoire des Etats-Unis. (Avec Matt Spetalnick et David Brunnstrom à Washington, Christine Kim et Hyunjoo Jin à Séoul; Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André, Tangi Salaün, Gilles Trequesser et Danielle Rouquié pour le service français)