Mais les responsables politiques doivent également, tout en surveillant l'inflation, se prémunir contre les retombées de la guerre en Ukraine. Le coup porté à la confiance des consommateurs par la hausse des prix de l'énergie et la perturbation des chaînes d'approvisionnement pourrait bien assombrir les perspectives économiques, ce qui limiterait le resserrement monétaire.

Voici un aperçu de la position des décideurs politiques sur la sortie des mesures de relance de l'ère pandémique, classés en termes de "hawkishness".

Graphique : Le cycle de hausse des taux est terminé - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/akvezjbkwpr/rates1404.PNG

1) NORVÈGE

La Norges Bank a relevé ses taux de 25 points de base pour les porter à 0,75 % le 24 mars et a annoncé son intention de les relever à un rythme plus rapide que prévu.

En incluant la mesure de mars, la banque prévoit maintenant huit hausses pour porter les taux à 2,50 % d'ici la fin de 2023, soit trois de plus que prévu en mars, et deux de plus que ce que prévoyait un sondage Reuters en mars.

2) NOUVELLE-ZÉLANDE

La Reserve Bank of New Zealand a renforcé mercredi sa position de banque centrale la plus faucon du monde.

Elle a relevé le taux d'escompte de 50 points de base pour le porter à 1,5 %, soit la plus forte hausse en deux décennies et la quatrième hausse du cycle actuel, et a maintenu sa prévision d'un pic des taux autour de 3,35 % d'ici fin 2023.

Graphique : La RBNZ devient agressive - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/byvrjbgrjve/RBNZ.PNG

3) CANADA

Après avoir donné le coup d'envoi de son cycle de hausse des taux en mars, la Banque du Canada a relevé ses taux directeurs mercredi de 50 points de base pour les porter à 1 %, ce qui constitue sa plus importante mesure en plus de deux décennies.

À partir de la semaine prochaine, la BoC laissera également les obligations arrivant à échéance sortir de son bilan. Le gouverneur de la BoC, Tiff Macklem, estime que les taux sont encore loin des niveaux neutres, estimés entre 2 % et 3 %. Les marchés s'attendent à ce que les taux atteignent 2,5 % d'ici la fin de l'année.

Graphique : Le Canada est très certainement dans le camp des faucons - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/znpneqwrqvl/CANADA.PNG

4) BRETAGNE

Avec une inflation au plus haut depuis 30 ans, la Banque d'Angleterre est sous pression pour resserrer davantage sa politique après trois hausses depuis décembre.

Les marchés sont pratiquement certains qu'elle augmentera son taux de référence de 25 points de base pour le porter à 1 % le 5 mai, puis à 2 %-2,25 % d'ici fin 2022.

Cependant, la flambée des prix de l'énergie menaçant la croissance, la BoE a adouci son langage sur la nécessité d'un nouveau resserrement.

Graphique : L'inflation britannique atteint son plus haut niveau en 30 ans, soit 7 % - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/dwvkrqxakpm/UKINFLATION.PNG

5) ÉTATS-UNIS

La Réserve fédérale a relevé ses taux d'un quart de point en mars pour les porter dans une fourchette de 0,25 % à 0,5 % et a annoncé une hausse d'un demi-point le 4 mai. Elle discute également de la réduction de son portefeuille d'actifs.

L'inflation, qui a atteint son plus haut niveau en 40 ans à 8,5 %, commence peut-être à plafonner, mais elle devrait rester au-dessus de l'objectif de 2 % de la Fed au moins jusqu'en 2023.

Graphique : Les bilans des banques centrales vont se réduire - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/gdvzyjxqopw/CABNKS1.PNG

6) AUSTRALIE

La campagne des marchés visant à faire pivoter la Reserve Bank of Australia vers le hawkish a réussi le 5 avril, lorsqu'elle a finalement ouvert la porte à une hausse de son taux d'escompte de 0,1 % cette année.

Les données publiées plus tard ce mois-ci devraient montrer une inflation annuelle de 3,2 %, tandis qu'une enquête publiée le 12 avril a montré des conditions commerciales robustes avec un taux de chômage qui pourrait passer sous la barre des 4 % cette année pour la première fois depuis les années 1970.

Les contrats à terme prévoient une hausse de 25 points de base en juin et impliquent un resserrement cumulé de 200 points de base d'ici la fin de l'année.

7) ZONE EURO

La Banque centrale européenne est parmi les plus prudentes des grandes banques centrales. Jeudi, elle s'en est tenue à son projet de réduire lentement ses mesures de relance extraordinaires, mettant en balance les inquiétudes liées à une inflation record et le risque que la guerre en Ukraine ne plonge l'économie de la zone euro dans la récession.

Les économistes s'attendent toujours à ce que la BCE relève ses taux plus tard cette année et les marchés prévoient un resserrement d'environ 60 points de base d'ici la fin de l'année.

Graphique : L'inflation dans la zone euro atteint des sommets - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/zjpqkdreapx/EZinflation.PNG

8) SUÈDE

L'inflation suédoise de 6,1 %, la plus élevée depuis 1991, pourrait ne laisser d'autre choix à la Riksbank dovish que de se transformer en faucon.

La banque devra repenser son approche politique lors de sa prochaine réunion le 28 avril, a déclaré le gouverneur adjoint Martin Floden la semaine dernière. Le gouverneur Stefan Ingves, dont le vote en février a été déterminant dans le maintien des plans de bilan inchangés cette année, a fait des commentaires similaires récemment.

L'orientation actuelle de la Riksbank prévoit toujours une hausse en 2024 ; les marchés voient les taux passer de zéro à 1% d'ici novembre...

9) SUISSE

La Banque nationale suisse reste dans le camp dovish, mais avec une inflation prévue pour 2022 supérieure à l'objectif de 2,1 %, elle prête une attention plus soutenue aux prix.

La fuite vers la sécurité provoquée par le conflit ukrainien a forcé la BNS à intensifier ses interventions sur les devises, stimulant les dépôts à vue suisses de 8 milliards de francs suisses (8,58 milliards de dollars) au cours des trois dernières semaines.

Graphique : Dépôts de la BNS - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/gkplgqnxkvb/SNB%20deposits.JPG

10)JAPON

La Banque du Japon reste la colombe de la retenue.

Le gouverneur Haruhiko Kuroda a averti que la récente flambée d'inflation, due aux coûts d'importation, pourrait nuire à l'économie, soulignant la détermination de la BOJ à maintenir une politique monétaire ultra-libre.

Le resserrement de la politique étant encore loin, les traders ont augmenté les paris sur un yen plus faible, le conduisant à son plus bas niveau depuis deux décennies par rapport au dollar et suscitant un avertissement rare de la part de son ministre des finances.

Graphique : Bilan de la BOJ - https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/jnpwekmwmpw/BOJ%20balance%20sheet.JPG

(1 $ = 0,9329 francs suisses)