Zurich (awp) - La Banque nationale suisse (BNS) a poursuivi l'année dernière ses efforts pour freiner l'appréciation du franc par rapport aux autres monnaies, mais en intervenant nettement moins qu'en 2020, notamment pour lutter contre l'inflation.

En 2021, l'institut d'émission helvétique a acquis des devises étrangères pour un total de 21,1 milliards de francs suisses "afin de contrer les pressions à la hausse sur le franc et de contribuer ainsi au maintien de conditions monétaires appropriées", a-t-il indiqué mardi dans son rapport de gestion annuel.

C'est nettement moins que les 110 milliards dépensés en 2020, année où la pandémie de coronavirus avait frappé de plein fouet l'économie mondiale. La devise helvétique joue traditionnellement une fonction de valeur refuge et a été plébiscitée à ce titre pendant la pandémie de coronavirus.

La BNS est "intervenue sur le marché des changes lorsque le besoin s'en faisait sentir" afin d'"assurer des conditions monétaires appropriées", a-t-elle expliqué.

Un franc trop cher par rapport aux principales monnaies d'échanges commerciaux, principalement l'euro et le dollar, nuit aux exportateurs suisses dont les prix augmentent avec l'appréciation de la devise helvétique.

L'année dernière, la devise nationale s'était relâchée jusqu'à 1,11 franc pour un euro début mars, mais s'est depuis continuellement appréciée face à la monnaie unique européenne. Avec l'éclatement de la guerre en Ukraine, la paire de devises est passée sous la parité avec l'euro début mars avant de se relâcher quelque peu.

Mais "face à l'augmentation des prix en Suisse et compte tenu de l'accentuation de l'inflation à l'étranger, la Banque nationale a laissé le franc s'apprécier quelque peu. Le renforcement du franc rendant les importations moins chères, il a atténué la hausse des prix et contribué ainsi à leur stabilité".

Défis climatiques pris en compte

Les interventions sur le marché des devises ont continué à peser sur le bilan de la BNS, qui a atteint 1057 milliards de francs suisses fin 2021, contre 999 milliards un an plus tôt. "Les gains de cours, les revenus des placements et les achats de devises sont les principales causes de cette augmentation", a expliqué la banque centrale helvétique.

Mais selon cette dernière, "l'expansion du bilan ces dernières années a provoqué une accentuation des risques de pertes en termes absolus". La BNS dispose cependant "d'un bilan solide et de fonds propres suffisants pour pouvoir absorber des pertes éventuelles même importantes", a-t-elle ajouté.

L'institut dirigé par Thomas Jordan s'est également préoccupé des enjeux environnementaux, indiquant avoir pris en compte "les conséquences que le changement climatique peut avoir sur l'économie et donc sur la politique monétaire, la stabilité financière et la gestion des réserves monétaires".

Dans ce contexte, la BNS n'achète pas de titres d'entreprises "qui violent massivement des droits humains fondamentaux, qui causent de manière systématique de graves dommages à l'environnement ou qui sont impliquées dans la fabrication d'armes condamnées sur le plan international". Les sociétés "principalement actives dans l'extraction du charbon comme source d'énergie" sont également exclues du portefeuille d'investissements.

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