Zurich (awp) - Le contexte économique présente toujours des risques importants pour la stabilité financière mondiale, estime Fritz Zurbrügg, le vice-président sortant de la BNS. La surévaluation des marchés des actions et de l'immobilier et l'endettement élevé des Etats et entreprises, entre autres vulnérabilités, rendent les marchés financiers plus sensibles aux chocs, notamment à une forte hausse des taux.

De plus, les perspectives économiques demeurent marquées par une incertitude accrue et si l'environnement économique mondial devait à nouveau se détériorer en raison de la pandémie, la qualité des portefeuilles de prêts des banques pourrait en pâtir, a relevé le numéro deux de la Banque nationale suisse (BNS), selon le texte de son discours publié jeudi. Les marchés hypothécaire et de l'immobilier résidentiel en Suisse n'échappent pas à cette vulnérabilité.

Depuis la publication du dernier rapport sur la stabilité financière de l'institut d'émission, en juin, l'environnement économique et financier dans lequel évolue le système bancaire suisse est resté favorable, a observé M. Zurbrügg. La pandémie n'a guère laissé de traces sur les chiffres clés financiers et les indicateurs de risque des banques helvétiques.

De manière générale, les correctifs de valeur sur les prêts sont demeurés faibles et la rentabilité des établissements, qui s'était même légèrement accrue en 2020, est demeurée stable. Toutefois, considérée sur une période plus longue, "cette profitabilité reste faible, principalement en raison de la baisse significative de la marge d'intérêt au cours de la dernière décennie", a dit M. Zurbrügg.

Rentabilité sous pression

La rentabilité des banques actives sur le marché domestique va demeurer sous pression. S'il est probable que le besoin de correctifs de valeurs sur les prêts aux entreprises augmente avec un certain décalage dans le temps, celui-ci devraient toutefois être plus limité que ce que l'on craignait au début de la pandémie, selon le banquier central.

En parallèle, l'exposition de ces établissements sur les marchés hypothécaire et immobilier a poursuivi sa progression. Compte tenu des risques auxquels ils s'exposent, il demeure essentiel que ces instituts disposent d'importants volants de fonds propres, a rappelé M. Zurbrügg. Ces derniers leur permettent d'absorber d'éventuelles pertes et, dans le même temps, d'alimenter l'économie en crédits.

Forts de cet instrument, ces instituts seraient pour la plupart en mesure d'absorber les pertes qui pourraient intervenir en cas de crise, a poursuivi Fritz Zurbrügg, tout en soulignant que la BNS suit attentivement l'évolution des marchés hypothécaire et immobilier, et examine régulièrement s'il y a lieu de réactiver le volant anticyclique de fonds propres.

Du côté des deux grandes banques UBS et Credit Suisse, celles-ci demeurent robustes, toutes deux ayant bénéficié d'un environnement favorable. Leur dotation en fonds propres a continué à s'améliorer depuis le dernier rapport sur la stabilité financière. Pour UBS, cette amélioration est liée aux bénéfices non distribués. Pour le Credit Suisse, elle est due en particulier à l'augmentation de capital réalisée à la suite des pertes subies en rapport avec le fonds américain Archegos.

Résilience accrue

Dans l'ensemble, la résilience de ces deux banques, mesurée par les ratios de fonds propres après un événement de crise, s'est ainsi légèrement accrue grâce à l'amélioration de leur dotation en fonds propres. Toutes deux demeurent en bonne position pour faire face aux défis actuels et pour soutenir l'économie réelle, bien que leur potentiel de pertes reste substantiel.

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