par Raoul Sachs

Des efforts supplémentaires semblent nécessaires et la Commission européenne suggère de créer une structure de défaisance qui reprendrait les actifs toxiques des banques

"On ne peut vraiment pas dire qu'on est revenu à la normale. Il n'y pas de transaction, pas de transfert de cash", dit une responsable d'un courtier interbancaire.

"Chaque soir, les banques de la zone euro déposent 200 milliards d'euros à la BCE dans le cadre de la facilité de dépôt", ajoute-t-elle.

Mardi, la BCE a annoncé que le lundi 26 juillet au soir, les banques européennes ont placé en dépôt au jour le jour 205,15 milliards d'euros contre 198,7 milliards le jour précédent.

L'ampleur de l'usage de la facilité de dépôt a de quoi contrarier la BCE qui, face à ce phénomène, avait, le 15 janvier, abaissé de 2% à 1% le taux de rémunération offert aux banques déposantes.

Le même jour, elle abaissait son taux principal de refinancement de 50 points de base à 2,0% tout en maintenant sa facilité marginale de prêt à 3%.

Le recours à la facilité de dépôt, malgré sa très faible rémunération dure depuis plusieurs mois, avec une moyenne de 200 milliards d'euros chaque jour, les banques, fragilisées par la crise, recherchant avant tout à protéger leurs liquidités.

Dominique Netter, responsable de l'allocation d'actifs à la Cie Financière Edmond de Rothschild, estime également que le marché interbancaire n'est toujours pas revenu à la normale malgré une détente affichée des taux.

Selon elle, les dépréciations d'actifs et les pertes éventuelles dans les bilans des banques ne sont pas encore évacuées ce qui explique la recherche de sécurité et le recours au dépôt de la BCE.

UNE "STRUCTURE DE DÉFAISANCE"

"Les banques ont créé la crise économique qui va à nouveau leur tomber dessus. On va avoir une très forte montée des créances douteuses", a estimé mardi Marie-Pierre Peillon, responsable de l'analyse financière et crédit chez Groupama AM.

"2009 sera une année où l'on va avoir des pertes très élevées sur les portefeuilles des prêts, au niveau des prêts aux particuliers, aux entreprises et aux pays émergents", a-t-elle ajouté.

Mardi, le Commissaire européen aux Affaires monétaires, Joaquin Almunia, a expliqué qu'une "structure de défaisance" regroupant les actifs bancaires toxiques serait l'une des solutions susceptibles de rétablir la confiance sur les marchés interbancaires et du crédit. (Plus de détails )

"Les annonces récentes de pertes énormes par certaines banques européennes nous ont montré que nous ne sommes pas encore tirés d'affaire", a-t-il dit faisant allusion aux récentes annonces de pertes abyssales de RBS, de Barclays ou encore de Deutsche Bank.

L'action volontariste de la BCE et les dispositifs de soutien des gouvernements européens à leurs systèmes bancaires, qui se chiffrent en centaines de milliards d'euros, ne sont toujours pas parvenus à redonner au marché interbancaire son allure d'avant crise.

"Le marché monétaire est devenu un marché de signatures. On prête éventuellement en direct à la Caisse des dépôts, mais on ne prête pas à d'autres", dit la responsable de la maison de courtage.

"Les banques se prêtent mais en direct. Il n'y a plus d'intermédiation", dit-elle ajoutant que les taux officiels Eonia (au jour le jour) et Euribor (une semaine et plus) ne reflètent pas par exemple la réalité de ce qui se passe en France par exemple.

"Une grande banque française prend de l'argent en dépôt au jour le jour et le rémunère sous 1% (en dessous du taux de la facilité de dépôt de la BCE) et elle prête, sélectivement, à 1,25%-1,30%", dit-elle.

Le dernier niveau officiel Eonia a été fixé à 1,228% et l'Euribor 3 mois à 2,13%.

Raoul Sachs, édité par Jean-Michel Bélot