Ces déclarations divergentes interviennent au lendemain du gel de deux projets d'investissement d'une valeur totale de 40 milliards de dollars par le premier groupe minier mondial, BHP Billiton.

"Le boom des ressources naturelles est terminé", a déclaré Martin Ferguson le ministre des Ressources et de l'Energie, à la radio australienne.

"Nous avons obtenu de bons résultats -270 milliards de dollars australiens (226 milliards d'euros) d'investissements- et suscité l'envie du monde entier. Mais les choses se sont compliquées ces six ou douze derniers mois."

Il s'est efforcé par la suite de limiter la portée de ses propos en expliquant que les prix des matières premières avaient atteint un sommet mais que les investissements se poursuivraient, en particulier dans le secteur de l'énergie.

D'autres ministres, inquiets des critiques de l'opposition contre la taxe sur le carbone et les mines adoptées par le gouvernement, qu'ils accusent d'être responsables de la crise du secteur, sont immédiatement montés au créneau pour assurer que le développement des infrastructures allait continuer.

De son côté, la ministre des Finances du gouvernement fédéral, Penny Wong, s'est efforcée de rassurer ses compatriotes.

"Il y a encore une grande marge de progression en ce qui concerne le boom de l'investissement", a-t-elle affirmé à la radio. "Il y a plus de 500 milliards de dollars d'investissements en cours, dont plus de la moitié est à un stade avancé. Donc je pense que le pessimisme de certains n'est pas adapté."

ESSOUFFLEMENT CHINOIS

Ces déclarations font écho à l'annonce du gel par BHP d'un projet d'investissement de 20 milliards de dollars (16 milliards d'euros) dans la mine de cuivre d'Olympic Dam, dans le sud de l'Australie, ainsi que d'un nouveau port minier d'une valeur équivalente qui devait lui permettre de doubler ses exportations de minerai de fer en Australie occidentale.

Le groupe anglo-australien, qui a fait état d'une baisse de 35% de son bénéfice au second semestre de l'exercice 2011-2012, a justifié cette décision par la hausse des coûts de développement, la vigueur du dollar australien et la baisse des prix des matières premières.

Soutenue par les importations chinoises de charbon, de minerai de fer et d'autres matières premières, l'économie australienne est l'une de celles qui ont le mieux résisté à la crise financière mondiale.

Mais l'essoufflement de la croissance chinoise, tombée à son rythme annuel le plus bas depuis plus de dix ans, inquiète aujourd'hui les groupes miniers.

"Il va falloir prendre davantage de décisions douloureuses, investir dans moins de projets, il va falloir en reporter d'autres", a prévenu Tom Albanese, directeur général de Rio Tinto, au cours d'un forum à Perth.

Le boom des matières premières a créé une sorte d'économie à deux vitesses en Australie, les Etats les plus peuplés de la côte Est souffrant du ralentissement de l'activité manufacturière, mais il a permis de maintenir le chômage à un niveau faible d'environ 5%.

Le projet d'Olympic Dam aurait permis à lui seul de créer 25.000 emplois selon le gouvernement de l'Etat d'Australie méridionale.

Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand

par Maggie Lu Yueyang et Sonali Paul

Valeurs citées dans l'article : BHP Billiton Limited, Rio Tinto Limited, Rio Tinto plc