par Tim Hepher

Le constructeur aéronautique - qui n'a jamais publiquement renoncé à ce système d'aides qui fait l'objet d'une controverse majeure avec l'américain Boeing - avait envisagé de faire appel aux marchés pour financer ses projets, mais la crise financière a mis un terme à ce projet, a-t-il souligné.

"Ils avaient en tête il y a trois ou quatre mois une approche plus orientée vers les marchés, mais maintenant il n'y a plus d'argent disponible", a expliqué Peter Hintze, secrétaire d'Etat à l'Economie allemand.

"La crise économique a tout chamboulé. Maintenant on regarde de nouveau les aides publiques", a-t-il déclaré à Reuters en marge d'une conférence européenne sur l'Espace.

Le système d'aide à l'aéronautique est au coeur d'une controverse - portée devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) - entre les Etats-Unis et l'Union européenne, qui s'accusent mutuellement de fournir des aides illégales à cette industrie.

Interrogé sur les propos de Peter Hintze, le porte-parole d'Airbus, Stefan Schaffrath, a déclaré: "Nous examinons toujours toutes sortes d'options pour assurer les conditions d'une concurrence équitable face à Boeing."

Quatre gouvernements européens - le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Espagne - financent habituellement un tiers du développement des nouveaux programmes d'avions - sous la forme d'avances remboursables - mais Washington exige que le constructeur européen mette un terme à cette pratique.

Selon les Etats-Unis, ces prêts sont consentis à des taux préférentiels, ce que contestent Airbus et les Etats concernés.

De leur côté, les Européens accusent Boeing de profiter d'aides publiques indirectes par le biais des programmes militaires, financées sur fonds publics, ainsi que par les systèmes d'exonérations fiscales accordées dans les Etats où la production est assurée.

La question des aides financières est cruciale au moment où Airbus s'est lancé dans un projet de 10 milliards d'euros pour développer l'A350 XWB, un long-courrier de moyenne capacité destiné à concurrencer le 787 Dreamliner de Boeing.

Peter Hintze a déclaré que Berlin avait l'intention d'aborder les discussions au sujet du financement de l'A350 sur les mêmes bases que ce qui a été décidé pour le très gros porteur A380, dans le respect des réglementations européennes et de celles de l'OMC.

"Nous souhaitons contribuer au lancement (de programmes) avec des aides remboursables. L'emprunt est remboursé au moment de la livraison de l'appareil avec un intérêt et une prime de risque supplémentaire", a-t-il souligné.

Version française Jean-Michel Bélot, édité par Marc Angrand