ATHENES, 10 octobre (Reuters) - La banque centrale grecque a annoncé lundi avoir activé un fonds de sauvetage des banques pour sauver Proton Bank, nationalisant de fait ce petit établissement soupçonné d'infraction aux lois anti-blanchiment.

Proton est le premier établissement de crédit nationalisé par l'intermédiaire du Fonds de stabilité financière (FSF) créé par la Grèce et ses bailleurs de fonds internationaux afin d'aider les banques incapables de lever sur les marchés les capitaux dont elles ont besoin.

Selon les analystes, cette décision a cependant davantage à voir avec les problèmes propres à Proton qu'avec la crise de la dette affectant l'ensemble du pays.

La Banque de Grèce a expliqué qu'une nouvelle "bonne banque" reprendrait la raison sociale Proton ainsi que l'ensemble des dépôts privés et publics et des actifs sains.

Cette nouvelle entité, dont le FSF sera l'unique actionnaire, affichera un ratio de capitalisation bien supérieur au seuil réglementaire, a précisé la banque centrale. "Elle a accès aux liquidités de l'Euro-système via la Banque de Grèce", a-t-elle ajouté.

La banque centrale a retiré sa licence à l'ancienne Proton, mise en liquidation. Le produit de la liquidation sera utilisé pour couvrir les réclamations de tiers, les actionnaires étant payés en dernier ressort.

"La nouvelle banque, libérée des défauts de l'ancienne banque, est financièrement solide et poursuivra normalement ses activités", a déclaré la Banque de Grèce.

Proton avait révélé cet été qu'elle faisait l'objet d'une enquête de la banque centrale sur des soupçons de violation de la réglementation sur le blanchiment d'argent liés aux transactions réalisées par son principal actionnaire.

"L'activation du Fonds de stabilité financière pour Proton Bank n'a rien à voir avec son exposition aux obligations souveraines grecques, mais plutôt avec son portefeuille de créances douteuses", a déclaré un analyste basé en Grèce qui a refusé d'être nommé.

Proton, dont le réseau regroupe 31 succursales, affiche une capitalisation d'environ 11 millions d'euros; fin mars, ses actifs au bilan atteignaient 3,8 milliards.

Le FSF grec dispose pour l'instant de 10 milliards d'euros pour recapitaliser le système bancaire grec. Ce montant devrait atteindre 30 milliards quand l'accord sur l'extension du Fonds européen de stabilité financière (FESF) aura été ratifié par l'ensemble des parlements de la zone euro.

(George Georgiopoulos, Harry Papachristou et Angeliki Koutantou, Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)