Alors que la Grande-Bretagne pleure le décès de sa reine, le pays est également confronté à sa plus grave crise économique depuis des décennies et les marchés vont réfléchir aux implications du paquet énergétique record du nouveau gouvernement.

Les dirigeants européens se démènent pour garder les lumières allumées et les données sur l'inflation américaine de mardi devraient fournir la dernière pièce du puzzle avant la réunion de septembre de la Réserve fédérale.

Pendant ce temps, la Chine tente d'obtenir des banques qu'elles aident à stimuler l'économie et Volkswagen semble prêt à s'engager dans la cotation du constructeur de voitures de luxe Porsche dans un contexte de marchés volatils.

Voici un aperçu de la semaine à venir sur les marchés par Kevin Buckland à Tokyo, Sumanta Sen à Mumbai, Emma-Victoria Farr à Francfort, William Schomberg, Vincent Flasseur et Karin Strohecker à Londres, et Lewis Krauskopf à New York.

1/ LA BRETAGNE EN CRISE

Les décideurs et les investisseurs mesurent les implications pour l'inflation de l'énorme renflouement des factures d'énergie des ménages par le gouvernement. Les mesures réduiront les pressions sur les prix à court terme, mais pourraient les attiser plus tard, car les consommateurs sont épargnés par le pire des coups portés à leurs finances.

La Banque d'Angleterre vient de reporter sa réunion, initialement prévue le 15 septembre, au 22 septembre suite au décès de la reine Elizabeth. De nombreux économistes pensent qu'elle relèvera les taux d'intérêt de 50 points de base supplémentaires - ce qui constitue normalement une augmentation énorme, mais moins que la hausse de 75 points de base sur laquelle les investisseurs pariaient de plus en plus il y a encore quelques jours.

D'ici là, les décideurs auront quelques autres points de données dont la publication est prévue à méditer. Les données de lundi ont montré que l'économie britannique a progressé moins que prévu en juillet, avec une croissance de 0,2 % par rapport à juin. Les derniers chiffres du marché de l'emploi sont attendus mardi et l'inflation du mois d'août mercredi.

2/À COURT D'ESSENCE

Face à la flambée des prix de l'énergie qui menace de déclencher des troubles sociaux, de nécessiter un rationnement et d'infliger une récession, les dirigeants européens s'efforcent de mettre au point des plans radicaux pour contrer la coupure de gaz du président russe Vladimir Poutine.

Les gouvernements dépensent des centaines de milliards d'euros pour aider les consommateurs et les entreprises à faire face aux factures galopantes. Un plan du nouveau gouvernement britannique pourrait coûter jusqu'à 150 milliards de livres, faisant chuter la monnaie britannique à son plus bas niveau depuis près de quatre décennies. Paris a annoncé lundi qu'elle allait prolonger les plafonds actuels sur les prix du gaz et de l'électricité dans le but de protéger les consommateurs français.

Vendredi, les ministres de l'énergie de l'Union européenne ont chargé Bruxelles de rédiger des propositions d'ici quelques jours afin de plafonner les revenus des producteurs d'énergie non gaziers et d'aider les entreprises d'électricité à rester à flot, mais ils se sont éloignés des propositions plus controversées visant à plafonner les prix du gaz russe.

Entre-temps, d'autres pays importateurs de pétrole - par exemple l'Inde - envisagent de se joindre au plan du Groupe des sept nations riches visant à plafonner le prix du pétrole russe, selon Washington.

3/ LE POUVOIR DE FIXATION DES PRIX

Les données sur l'inflation américaine de mardi sont l'une des dernières - et peut-être la plus importante - données qui aideront la Fed à décider de l'agressivité avec laquelle elle doit relever les taux en septembre.

Le rapport sur l'IPC de juillet a montré une modération surprenante des prix qui a contribué à stimuler un rebond des actions. Ce rebond s'est estompé depuis, le président de la Fed, Jerome Powell, ayant averti que la lutte acharnée de la Fed pour maîtriser l'inflation pourrait entraîner des difficultés économiques.

Sur une base annuelle, l'IPC a augmenté de 8,5 % en juillet, un chiffre plus faible que prévu, et l'indicateur d'inflation est resté inchangé d'un mois sur l'autre. Les premières estimations pour le mois d'août prévoient une baisse de 0,1 % sur une base mensuelle, mais des facteurs imprévus tels que la volatilité des prix de l'énergie maintiennent les investisseurs sur leurs gardes.

4/ POUSSER SUR UN FIL ?

Une surprise à la baisse sur les données de l'inflation chinoise vendredi a réjoui les marchés car elle semble offrir aux décideurs politiques une grande marge de manœuvre pour assouplir et aider à relancer une économie en perte de vitesse.

Mais les chiffres des prêts publiés peu après ont mis en évidence le dilemme suivant : qui veut emprunter en période de ralentissement économique ? La croissance des prêts ne bouge guère, et une maigre hausse en août était inférieure aux espoirs des analystes.

La banque centrale a déjà inondé le système de liquidités, sans pour autant améliorer la confiance, car il n'y a pas de voie claire pour sortir d'une crise immobilière qui s'aggrave ou des blocages du COVID-19.

Une aide supplémentaire a été promise, mais elle n'est pas encore arrivée de manière significative, laissant le Hang Seng s'attarder près de ses plus bas niveaux et le yuan proche d'un creux de deux ans.

Les données sur la production industrielle, les prix de l'immobilier et les ventes au détail attendues le 16 septembre donneront plus d'indications sur l'état de la deuxième plus grande économie du monde.

5/BOLD DEBUT

L'année a été morose pour les marchés financiers. Mais cela n'empêchera peut-être pas Volkswagen d'introduire en bourse le constructeur de voitures de luxe Porsche.

Volkswagen a donné le coup d'envoi de son introduction en bourse alors même que les marchés boursiers européens étaient ébranlés par une inflation record et l'impasse énergétique en Russie. Les trois prochaines semaines seront cruciales, car les banquiers recueilleront les réactions des investisseurs et commenceront à constituer un dossier.

Dans la fourchette haute des estimations, les investisseurs s'attendent à une valorisation comprise entre 60 et 85 milliards d'euros (60,4 à 85,5 milliards de dollars) - l'introduction en bourse pourrait être la plus importante de l'histoire allemande et la plus importante en Europe depuis 1999, selon les données de Refinitiv.

Porsche ne reviendra sur ses débuts en bourse que si de "graves problèmes géopolitiques surviennent", a déclaré mardi le directeur financier de la marque de voitures de sport. La Bourse de Francfort n'a vu que deux SPAC et une petite cotation primaire en 2022.

(1 $ = 0,9939 euros)