MILAN, 18 juillet (Reuters) - Un tribunal italien a condamné lundi l'homme d'affaires Carlo De Benedetti et un ancien ministre de l'Industrie à des peines d'emprisonnement dans une affaire liée à la mort d'ex-salariés du groupe d'électronique Olivetti exposés à l'amiante.

De Benedetti, âgé de 81 ans et qui fut PDG d'Olivetti pendant près de 20 ans à partir de la fin des années 1970, s'est déclaré abasourdi par le jugement et a dit qu'il ferait appel.

L'affaire avait trait à l'empoisonnement et au décès de 14 salariés du site Olivetti d'Ivrée, proche de Turin, qui avaient travaillé dans des lieux passant pour être contaminés par des fibres d'amiante.

Employés entre les années 1960 et les années 1990, ils étaient tombés malades après avoir quitté la société. Les médecins avaient diagnostiqué un mésothéliome, une forme de cancer associée à l'exposition à l'amiante.

Un juge du tribunal d'Ivrée a infligé une peine de prison de cinq ans et deux mois à De Benedetti et une peine d'emprisonnement d'un an et 11 mois à l'ex-ministre de l'Industrie Corrado Passera pour complicité d'homicide; 11 autres ex-dirigeants ont été jugés coupables soit d'homicide soit de coups et blessures.

Passera, ministre de l'Industrie de la fin 2011 à 2013, a été administrateur délégué adjoint d'Olivetti de septembre 1992 à juillet 1996. Roberto Colaninno, PDG de Piaggio, qui était également poursuivi, a été acquitté.

Passera et Colaninno n'étaient pas disponibles dans l'immédiat pour commenter le jugement.

Le droit italien autorise deux procédures d'appel et les peines de prison ne deviennent exécutoires qu'une fois ces voies de recours épuisées.

Olivetti était devenu, sous l'impulsion de De Benedetti, l'un des grands groupes européens de l'électronique dans les années 1980, employant jusqu'à 50.000 personnes avant de décliner lentement. La société n'est plus actuellement qu'une petite société du groupe Telecom Italia.

Fondateur de la holding familiale CIR et président de l'éditeur Espresso, De Benedetti avait remporté en 2015 une bataille judiciaire contre son rival en affaires Silvio Berlusconi au sujet de la vente de l'éditeur Mondadori, devenu depuis lors l'une des sociétés de l'empire de l'ex-président du Conseil.

(Giulia Segreti, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)