Si la Chine devrait connaître encore cette année une croissance à deux chiffres, les marchés russe et sud-américain, où PSA perd de l'argent, restent marqués par de nombreuses incertitudes, a déclaré mardi Carlos Tavares, le futur président du directoire de PSA, lors des journées presse du salon de Genève.

"Sur les deux premiers mois de l'année, le business européen a été très correct", a-t-il dit, ajoutant que la part de marché du groupe était remontée autour de 13% sur le continent. En 2013, elle était tombée à 11,9%, contre 12,7% en 2012.

"Il y a beaucoup d'incertitudes sur les marchés mondiaux, des difficultés en Russie, une instabilité en Amérique latine", a-t-il ajouté. "En Europe, nous voyons une légère croissance, et pour le moment ça va plutôt dans ce sens-là. Pour l'instant, la France est stable, voire en légère baisse (...) J'espère que ça passera du côté positif dans le courant de l'année."

Les journées presse du 84e salon de Genève se sont ouvertes sur une bonne nouvelle pour PSA, dont la Peugeot 308 a été élue lundi "voiture de l'année" par un jury de journalistes européens spécialisés. C'est la première fois en neuf ans qu'une voiture française reçoit cette distinction, et la nouvelle compacte de Peugeot succède ainsi à la Golf couronnée en 2013.

"C'est une bonne chose pour les collaborateurs du groupe, ça leur donne confiance dans le fait que tous ensemble ils peuvent faire des choses de grande qualité", a déclaré Carlos Tavares.

Il a répété que sa priorité pour les trois prochaines années serait de redresser la rentabilité du groupe en réduisant le nombre de modèles au catalogue selon les pays, en optimisant les approvisionnements, l'organisation des usines et la distribution.

"Il faut faire un nombre limité de choses, mais les faire à fond", a-t-il dit.

Héritage de ses années passées chez Renault-Nissan, Carlos Tavares entend faire la chasse à ce que les Japonais appellent le "muda" (gaspillage). Il a également défendu un certain "cynisme" dans la gestion des capacités de production, afin de remplir les usines au maximum.

"Parfois il est préférable, quand vous engagez les ressources de l'entreprise, d'être un peu plus cynique, c'est-à-dire dimensionner vos équipes pour faire un peu moins de voitures que ce qu'on vous promet afin de protéger votre efficience", a-t-il expliqué.

Pour cette raison, Carlos Tavares a exclu à moyen terme une nouvelle implantation industrielle en périphérie de l'Europe pour installer une plate-forme de voitures plus compétitive pour les marchés émergents, au motif que le site slovaque de Trnava et celui de Vigo, en Espagne, n'utilisent pas aujourd'hui l'intégralité de leur potentiel de production.

(Avec Laurence Frost, édité par Dominique Rodriguez)

par Gilles Guillaume