* Une délégation de l'usine PSA d'Aulnay reçue à l'Elysée

* Hollande promet une négociation mi-octobre

* Les syndicats veulent des garanties sur les reclassements

* Plusieurs centaines de manifestants dans le centre de Paris (Actualisé avec précisions, contexte, manifestation)

par Julien Ponthus et Gilles Guillaume

PARIS, 20 septembre (Reuters) - François Hollande a promis jeudi à une délégation de salariés de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois la tenue rapide d'une négociation tripartite sur l'avenir de leur site et de celui de Rennes, mais sans aller jusqu'à demander la suspension de la restructuration engagée par le constructeur automobile.

En marge de la rencontre, plusieurs centaines de manifestants ont défilé dans le centre de Paris aux cris de "retrait du plan de licenciement chez PSA".

"Le président a accédé à la demande de réunion tripartite locale et nationale avec comme priorité la réindustrialisation des sites et la nécessité de trouver une solution d'emplois pour chacun", a-t-on indiqué à l'Elysée.

PSA Peugeot Citroën a annoncé en juillet 8.000 nouvelles suppressions d'emplois en France, dont 1.400 dans l'usine de Rennes (Ile-et-Vilaine) et 3.000 à Aulnay (Seine-Saint-Denis), site appelé à fermer ses portes en 2014.

La direction, qui entend ainsi endiguer les lourdes pertes financières provoquées par la chute de ses ventes de voitures en Europe, a promis que tous les salariés concernés se verraient proposer un reclassement en interne ou hors du groupe.

Pour obtenir des garanties concrètes sur ces reclassements, les syndicats réclamaient l'organisation de réunions tripartites entre l'Etat, les élus concernés, les syndicats et la direction de PSA.

"Le président a dit qu'il soutenait notre demande et que la prochaine réunion tripartite, ce serait mi-octobre", a déclaré Tanja Sussest, représentante du SIA, syndicat majoritaire à Aulnay, à sa sortie de l'Elysée.

HOLLANDE, "PAS LE PÈRE NOËL"

Sept représentants syndicaux ont été reçus pendant une heure par le chef de l'Etat en présence du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.

"On sait que c'est pas le Père Noël, mais le président s'est engagé à ce qu'une solution soit trouvée pour chacun", a-t-elle ajouté. Selon elle, François Hollande a promis dans ce but d'utiliser tous les leviers dont l'Etat dispose.

"Maintenant, il y a le problème du contenu de ces négociations", a lancé de son côté Philippe Julien, représentant CGT, depuis l'estrade installée sur l'itinéraire de la manifestation qui a suivi la rencontre, près de l'Elysée.

Un certain nombre de manifestants n'avaient pas pu faire le déplacement depuis la Seine-Saint-Denis en raison d'importantes perturbations sur le RER B provoquée par l'accident d'un passager au Blanc-Mesnil.

Parmi les pistes évoquées pour les négociations futures, Tanja Sussest souhaiterait la mise en place d'un dispositif de préretraite pour les salariés de plus de 55 ans ou encore des garanties financières accrues pour les personnes qui ne retrouveraient pas un emploi acceptable à leurs yeux dans le projet de réindustrialisation du site d'Aulnay.

Dans un communiqué, la CFE-CGC a exhorté de son côté la direction à s'engager noir sur blanc sur les solutions d'emplois alternatives qu'elle compte proposer, et plaidé pour la mise en place d'un planning cohérent coordonnant les efforts des différents acteurs (PSA, Etat, région, département et partenaires sociaux).

PAS DE SUSPENSION DU PLAN

Satisfait de l'engagement ferme du chef de l'Etat sur la tenue de tables rondes, Jean-Pierre Mercier, représentant CGT à PSA Aulnay, a regretté pour sa part que le président de la République ne soit pas allé plus loin.

"Sur la suspension du plan de licenciements, François Hollande ne s'est pas engagé", a-t-il dit.

Le président a été critiqué pour avoir dénoncé fermement le 14 juillet un "plan inacceptable", avant de donner l'impression deux mois plus tard qu'il voulait simplement en limiter l'ampleur sans remettre en cause sa légitimité.

"Honnêtement je ne m'attendais pas à plus", a déclaré Thibault Pillet, salarié d'Aulnay rencontré dans le cortège des manifestants. Vêtu comme la plupart de son blouson gris de travail portant le logo PSA Peugeot Citroën, cet ouvrier de 41 ans travaille sur le site depuis 16 ans.

"Cette réunion, il fallait la faire parce que formellement c'est important, mais il y en a beaucoup qui se bercent encore d'illusions en se disant que le président va nous sauver la peau. Maintenant on est devant le fait accompli et on sait très bien qu'il faudra leur forcer un petit peu la main", a-t-il ajouté.

Dans cette optique, les syndicats présents à la manifestation ont promis d'autres actions comme un rassemblement au Mondial de l'automobile le 9 octobre. (Avec Philippe Wojazer, édité par Yves Clarisse)