(Ajoute lien vers Breakingviews)

par Isabel Reynolds et Tim Kelly

TOKYO, 17 octobre (Reuters) - L'action Olympus a perdu lundi près d'un quart de sa valeur à la Bourse de Tokyo après la publication d'interviews de son ancien directeur général dans lesquelles il donne sa version des raisons de son licenciement, survenu vendredi.

Âgé de 51 ans, Michael Woodford a été renvoyé avec fracas, deux semaines seulement après avoir été promu à la direction générale, auréolé de louanges sur ses performances alors jugées brillantes.

Employé d'Olympus depuis 30 ans, le Britannique devenait ainsi l'un des rares non-Japonais à la tête d'une grande entreprise nippone.

Avant de plonger de 24% lundi, le titre du fabricant d'appareils photos et d'instruments d'optique de précision avait déjà dévissé de 18% vendredi. Ce plongeon a entraîné l'évaporation de 3,2 milliards de dollars de valorisation boursière.

"Il est normal que l'action d'une entreprise plonge comme cela après une nouvelle aussi brutale qui laisse la question de la direction du groupe à ce point dans le flou", a commenté Fujio Ando (Chibagin Asset Management).

Il est rare que les conseils d'administration limogent des dirigeants au Japon et la nouvelle a donc pris les marchés financiers au dépourvu.

DIVISIONS PROFONDES

Dans une interview publiée lundi par le Wall Street Journal, Michael Woodford dit avoir demandé au président Tsuyoshi Kikukawa de démissionner en raison d'inquiétudes sérieuses sur la gouvernance.

Au Financial Times, il déclare qu'on l'a licencié pour avoir examiné des paiements liés à des acquisitions effectuées par le groupe avant qu'il n'en assume la direction.

Olympus dément toute malversation. "L'ensemble des opérations de fusion-acquisition ont été exécutées dans le respect des règles comptables et via des processus adéquats", affirme le groupe dans un communiqué.

Le renvoi du directeur général a pour autant poussé bon nombre de courtiers à abaisser leurs recommandations par crainte d'une rupture de l'engagement à faire diminuer les coûts.

Le cours de clôture du titre, à 1.555 yens, est le plus bas depuis deux ans et demi. Plus de 54 millions d'actions ont été échangées, contre un volume moyen quotidien de trois millions ces trente dernières séances.

Un porte-parole de la Bourse de Tokyo n'a pas souhaité dire si une enquête serait ouverte sur les déclarations de Michael Woodford. Lundi, les principaux médias japonais n'évoquaient pratiquement pas l'affaire.

C'est désormais Tsuyoshi Kikukawa qui assurera la présidence et la direction générale du groupe.

Olympus a affirmé que Woodford avait contourné la voie hiérarchique du groupe en adressant directement ses ordres au personnel. Le groupe évoque également des divergences sur la restructuration de la branche recherche et développement.

"Il existait des divisions profondes entre M. Woodford et le reste de la direction au sujet de l'orientation de la société et des mesures à prendre, à un point tel que les processus décisionnels en étaient pénalisés", a déclaré un porte-parole d'Olympus.

Michael Woodford, qui a à son crédit d'avoir réduit les coûts de la branche européenne d'Olympus, travaillait pour le groupe japonais depuis 1980, après avoir été employé chez Schweppes.

BREAKINGVIEWS-Olympus fiasco strengthens case for Japan reform (Avec Lisa Twaronite, Reiji Murai et Kei Okamura, Gregory Schwartz pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)