Tokyo (awp/afp) - La Bourse de Tokyo a terminé dans le rouge lundi, sur fond de hausse prononcée du yen face au dollar, un élément défavorable pour les groupes exportateurs, après l'annonce de chiffres de l'emploi décevants aux Etats-Unis.

A l'issue des échanges, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a affiché un recul de 0,37% (-62,20 points) à 16.850,03 points. Il avait démarré en baisse de plus de 1,5%, mais a ensuite limité ses pertes.

L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a cédé 0,36% (-4,80 points) à 1.332,43 points.

Sur le volet des changes, le dollar est tombé à 107 yens, contre 108,72 yens vendredi à la fermeture. Le billet vert a été fragilisé par le médiocre rapport mensuel sur l'emploi américain, qui semble doucher les espoirs d'un relèvement des taux de la Réserve fédérale en juin.

L'euro valait 121,40 yens, contre 121,20 yens en fin de semaine dernière.

Les entreprises américaines ont drastiquement freiné les embauches le mois dernier, les créations d'emplois tombant à 38.000, leur score mensuel le plus faible depuis septembre 2010.

"Les marchés s'étaient ralliés à l'idée que même dans l'hypothèse d'une hausse de taux dans les prochaines semaines, l'économie était assez vigoureuse pour la supporter", a commenté pour l'agence Bloomberg Yoshinori Ogawa, analyste chez Okasan Securities à Tokyo. "Or il y a un décalage entre la réalité et la perception des marchés".

La présidente de la Fed, Janet Yellen, qui a récemment assuré qu'une hausse des taux serait sans doute d'actualité "dans les prochains mois", doit s'exprimer lundi. "Nous attendons de voir si son ton a changé après ces chiffres", a souligné M. Ogawa.

Les investisseurs japonais surveillent attentivement les perspectives d'un nouveau resserrement monétaire américain, un mouvement qui fait grimper le dollar face au yen et avantage donc les entreprises japonaises.

- Chute de Asahi -

Dans ce contexte d'incertitudes sur le calendrier de la Fed, les titres financiers ont été délaissés.

Les assureurs ont décliné, à l'image de Dai-Ichi Life Insurance (-3,57% à 1.336,5 yens) et Tokio Marine Holdings (-2,89% à 3.592 yens). Idem pour les établissements bancaires: Mitsubishi UFJ Financial Group s'est replié de 1,50% à 523,2 yens, Mizuho de 1,18% à 166,6 yens et Sumitomo Mitsui Financial Group de 1,70% à 3.353 yens.

Les groupes automobiles, sensibles aux devises, ont aussi fini sur une note négative: Toyota a perdu 0,14% à 5.667 yens, Nissan 1,25% à 1.064,5 yens et Honda 1,87% à 2.907 yens.

Dans le secteur électronique, Panasonic a lâché 2,02% à 945 yens, des informations de presse prêtant au fabricant californien de véhicules électriques Tesla l'intention de s'approvisionner en batteries auprès de Samsung SDI.

Tesla a reçu du matériel du groupe sud-coréen, "un volume jugé trop important pour un projet pilote, ce qui suggère que les batteries seront utilisées pour un test final avant une adoption à large échelle", écrit le quotidien économique Nikkei.

Une telle décision "mettrait fin à la domination de Panasonic, qui est actuellement quasiment le seul fournisseur du constructeur américain". Tesla, qui veut quintupler sa production de voitures d'ici à 2018, "cherche apparemment à diversifier ses fournisseurs pour réduire les risques", explique le Nikkei.

A noter aussi, la chute de l'action Asahi (-2,24% à 3.573 yens). Selon le journal britannique Sunday Times, le brasseur, qui a déjà signé un accord pour le rachat des marques italienne Peroni et néerlandaise Grolsch de SABMiller, serait également intéressé par ses actifs en Europe de l'est. Le prix évoqué - quelque 6,4 milliards d'euros - a visiblement refroidi les donneurs d'ordres, même si le groupe a démenti ces rumeurs.

A l'inverse, les valeurs liées aux matières premières se sont bien comportées: le groupe minier Sumitomo Metal Mining a bondi de 5,48% à 1.145,5 yens, le sidérurgiste JFE Holdings de 3,93% à 1.466 yens et la maison de commerce Sojitz de 4,13% à 252 yens.

anb/sg