BOSTON (Reuters) - Une juge américaine a rejeté jeudi une requête de dernière minute visant à empêcher l'extradition au Japon de deux hommes suspectés d'avoir contribué à organiser la fuite de l'ancien président du constructeur automobile Nissan, Carlos Ghosn, du Japon vers le Liban fin 2019.

La décision d'Indira Talwani, juge du district de Boston, ouvre la voie au transfert au Japon de Michael Taylor, ancien membre des forces spéciales américaines, et de son fils Peter Taylor, alors que le département d'Etat américain avait au préalable autorisé leur extradition.

Les avocats des deux hommes ont déclaré par le passé que leurs clients ne pouvaient pas être traduits devant la justice japonaise pour avoir aidé quelqu'un à "se dérober" et qu'ils risquaient, en cas d'extradition, de subir des interrogatoires sans fin et d'être victimes de torture.

Dans un document transmis à la cour, Carlos Ghosn a cherché à donner de l'épaisseur à cet argumentaire, disant avoir été victime au Japon d'une détention prolongée, de torture mentale et d'intimidation, ajoutant que les Taylor subiraient des "conditions similaires ou pires".

Mais la juge Indira Talwani a estimé que, si "les conditions de détention au Japon pouvaient être déplorables", cela n'était pas suffisant pour empêcher l'extradition des deux suspects et que les autorités avaient prouvé que leurs actions présumées constituaient une "infraction passible d'extradition".

Les avocats des Taylor ont rapidement fait appel de la décision. Ils ont décliné une demande de commentaire.

Nissan n'a pas souhaité commenter la décision. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de Carlos Ghosn et auprès de l'ambassade du Japon à Washington.

Michael et Peter Taylor, résidents du Massachusetts, ont été arrêtés en mai dernier à la demande du Japon. La juge Indira Talwani avait mis la procédure en suspens en octobre afin de permettre l'examen d'une requête déposée contre la décision du département d'Etat américain.

L'ancien "béret vert" et son fils sont accusés d'avoir contribué à la fuite rocambolesque en décembre 2019 de Carlos Ghosn alors que celui-ci était assigné à résidence à Tokyo dans l'attente de son procès pour malversations financières.

(Nate Raymond à Boston et David Shepardson à Washington; version française Jean Terzian)

par Nate Raymond et David Shepardson