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NEW YORK (awp/afp) - La vague de froid qui a saisi les Etats-Unis en février a provoqué une pénurie de certains plastiques qui est venue bousculer un peu plus une chaîne d'approvisionnement déjà affectée par un manque de puces électroniques et l'engorgement des ports.

Des usines ont dû fermer. Chez Toyota, c'est une "pénurie de produits pétrochimiques" qui affecte la production dans le Kentucky, la Virginie occidentale et au Mexique.

Honda a invoqué des problèmes sur la chaîne d'approvisionnement "liés à l'impact du Covid-19, à la congestion dans divers ports, à la pénurie de semi-conducteurs et aux intempéries hivernales" pour justifier la fermeture temporaire de cinq usines au Canada et aux Etats-Unis.

Les consommateurs sont aussi touchés. Nike a expliqué jeudi que ses ventes de chaussures et de vêtements de sport étaient affectées par la congestion des ports dans le pays.

Dans un magasin d'électroménager Best Buy de la banlieue de Washington, une consommatrice du Maryland témoigne avoir passé une heure avec le vendeur à constater que de nombreux modèles de cuisinières n'étaient pas disponibles avant plusieurs semaines.

"J'ai dû acheter une sinistre cuisinière noire en inox alors que j'en voulais une blanche, pour 200 dollars de plus que mon premier prix", déplore Virginie Hines.

Les problèmes touchant le plastique sont les derniers en date.

Des températures glaciales ont paralysé mi-février le Texas et la Louisiane, où sont situées de nombreuses usines transformant le pétrole en polyéthylène (qui sert à fabriquer les sacs plastiques, les bouteilles de shampoing ou les tubes de dentifrice), en polypropylène (utilisé pour le plastique dur des tableaux de bord de voitures ou des réfrigérateurs), ou en PVC (qui sert à faire des tuyaux ou des cadres de fenêtres).

Si elles sont habituées aux ouragans, ces usines sont rarement confrontées au gel.

Au plus fort de la vague de froid, plus de 70% de la capacité de production d'éthylène était hors service et au moins 62% de la capacité de production de polypropylène, selon le cabinet S&P Global Platts.

Or cette paralysie est arrivée "juste au moment où la demande pour ces produits commençait à vraiment rebondir", remarque Robert Benedict, de la fédération professionnelle des fabricants de pétro-chimie (AFPM).

Les conséquences sont compliquées à quantifier mais les produits pétro-chimiques représentant par exemple un tiers des coûts des matières premières d'une voiture, "il est facile d'imaginer les répercussions que cela peut avoir sur les chaînes d'approvisionnement", dit-il.

Tuyaux gelés

Des problèmes dans plusieurs usines fin décembre avaient déjà limité l'offre, remarque Jennifer Van Dinter, de S&P Global Platts.

Avec le gel, le marché du plastique "va probablement rester tendu pendant au moins plusieurs semaines, peut-être jusqu'à la fin du printemps", avance-t-elle.

Après avoir réparé les éventuels dégâts, en particulier sur les tuyaux gelés, les usines se remettent aussi en marche.

Le géant de la chimie Dow prévoit ainsi que son activité au Texas reviendra à la normale en avril.

La situation pour le PVC est sans doute plus compliquée car une "portion significative" de la production mondiale est située en Louisiane, qui avait déjà pâti du passage de l'ouragan Laura l'année dernière, remarque Mme Van Dinter.

Ces perturbations dans la production de plastique s'ajoutent à la pénurie de semi-conducteurs, liée au boom de la demande pour les produits électroniques depuis le début de la pandémie, qui mine l'industrie automobile depuis le début de l'année.

"Goulots d'étranglement"

Les ports de leur côté font face à une activité frénétique.

"Nous sommes au septième mois d'une poussée des importations jamais vue, tirée par une demande sans précédent de la part des consommateurs américains", a relevé mardi le directeur général du port de Los Angeles. Faute de pouvoir aller au cinéma, en vacances ou au restaurant, ils ont acheté des biens en masse.

Ces dérèglements sont observés de près par la Banque centrale américaine, son président Jerome Powell ayant souligné mercredi que la réouverture progressive de l'économie pourrait faire monter les prix, "en particulier si certains goulots d'étranglement limitent les capacités de production à court terme".

Ils peuvent générer une augmentation des prix, des retards de livraison, des difficultés logistiques, reconnaît Gregory Daco du cabinet Oxford Economics. Mais, nuance-t-il, "ils ne représentent pas un frein significatif à l'activité économique, surtout en cette période de forte croissance".

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