* Aucune conclusion fiable selon les Académies

* L'auteur évoque des liens entre les membres et les OGM

* L'avis de l'Anses attendu lundi (Actualisé avec Gilles-Eric Séralini, Académie des Sciences)

PARIS, 19 octobre (Reuters) - Six Académies françaises ont estimé vendredi qu'une récente étude sur la nocivité présumée d'un maïs OGM et d'un pesticide du groupe Monsanto présentait trop d'insuffisances pour démontrer un impact sur la santé, parlant de "faute grave".

La méthodologie adoptée par le professeur de Caen Gilles-Eric Séralini, ainsi que l'interprétation des données sont inadaptées, ont conclu ces scientifiques, qui prenaient pour la première fois une position commune.

"Ce travail ne permet aucune conclusion fiable", ont écrit dans un communiqué commun les Académies nationales Vétérinaire, d'Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences et des Technologies à propos de l'étude qui montrait des rats nourris aux OGM atteints de cancers bourgeonnants.

"L'orchestration de la notoriété d'un scientifique ou d'une équipe constitue une faute grave lorsqu'elle concourt à répandre auprès du grand public des peurs ne reposant sur aucune conclusion établie", ont-ils ajouté, en qualifiant ce travail de non-événement scientifique.

Au-delà de la "qualité de l'article et des effets pervers extrêmement graves", le secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences Jean-François Bach a indiqué avoir été poussé par ses confrères européens à réagir.

"Ce n'était pas possible de laisser faire en France ces choses-là sans rien dire, parce que ça a touché d'autres pays, l'Italie, l'Angleterre, l'Allemagne, des pays dans lesquels la vague médiatique a aussi déferlé", a déclaré par téléphone à Reuters ce spécialiste de l'immunologie.

L'Académie des Sciences, créée en 1666, rassemble des scientifiques français et s'associe à des chercheurs étrangers parmi les plus éminents, indique son site internet.

TOUR DU MONDE

Gilles-Eric Séralini, qui a co-fondé avec la députée européenne Corinne Lepage un comité de recherche sur le génie génétique (CRIIGEN), réfute sa responsabilité dans l'ampleur de la vague médiatique suscitée par son travail.

"C'est un problème de santé publique, c'est pour ça qu'il a fait le tour du monde, indépendamment de ce que j'ai pu faire ou de la médiatisation qu'il y a eu", a-t-il dit.

"Ce que je remarque, c'est qu'il y a des membres de ces Académies qui ont participé à l'autorisation du NK603" a ajouté le biologiste français, sans pouvoir préciser lesquels.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) doit rendre public lundi son avis sur les conclusions de cette étude qui portait sur la consommation de maïs NK603 et du pesticide Round Up par des rats pendant deux ans.

Après la publication, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'était engagé à demander l'arrêt des importations de ce type de produits et la révision des procédures d'homologation en Europe si cette étude était validée. (voir )

Début octobre, l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) avait jugé dans une première analyse que cette étude était d'une qualité scientifique insuffisante.

L'agence européenne avait demandé au professeur Gilles-Eric Séralini plus de documents avant de statuer définitivement à la fin du mois. (Marion Douet, édité par Yves Clarisse)