Vous souvenez-vous de ce jeu, le Whack-a-mole (ou jeu de la taupe), dans lequel le joueur doit repousser les taupes qui sortent de leur trou, mais à chaque fois qu'il parvient à en éloigner une, une autre sort du trou d'à côté ? C'est ainsi que j'imagine la relation qu'entretient l'UE avec les géants américains réseaux sociaux, et aujourd'hui particulièrement, celle des régulateurs européens avec Mark Zuckerberg. 

Pour protéger les données personnelles de millions d'usagers européens de Facebook, Instagram et consorts, le Vieux Continent a mis en place des règles qui restreignent la capacité des réseaux à utiliser les données personnelles des utilisateurs pour leur proposer des publicités ciblées sans leur demander au préalable leur consentement. Or, ces publicités personnalisées sont le cœur du business de Meta

Affolé par la perte de revenus potentielle, le groupe annonce facturer aux internautes un abonnement mensuel pour accéder à ses plateformes, sans publicité. Et il n'y va pas avec le dos de la cuillère : il propose 14 dollars par mois pour l'accès via mobile, et environ 17 dollars pour l'utilisation conjointe de Facebook et d'Instagram sur un ordinateur de bureau (10 dollars par abonnement et un supplément pour chaque compte additionnel). Vous ne voulez pas payer ? Aucun problème, vous consentirez par défaut à Meta le droit de disposer de l'ensemble de vos données pour vous cibler plus précisément. 

D'une, le groupe a contourné les règles européennes, de deux, il s'assure ainsi de revenus récurrents. Mais le revirement stratégique n'est pas anodin : Facebook et Instagram sont gratuits depuis leur naissance, ce qui a favorisé leur adoption massive. Qu'adviendra-t-il quand les utilisateurs se sentiront forcés de payer ou d'abandonner leur souveraineté sur leurs informations de navigation ? Réponse dans quelques mois. En attendant, les régulateurs n'ont pas encore réagi à la proposition du géant. 

 

Dessin d'Amandine Victor