Zurich (awp) - L'organisateur de foires et de salons MCH continue de manger son pain noir. Après avoir décidé de mettre un terme à plusieurs manifestations et empêtré dans un processus de restructuration, le groupe bâlois a à nouveau bouclé dans le rouge en 2018. La contre-performance est toutefois conforme aux derniers avertissements sur résultats, assure-t-il.

La perte nette s'est creusée à 190,4 millions de francs suisses, contre 110 millions en 2017, indique vendredi la société rhénane. Dans ces conditions, le conseil d'administration propose aux actionnaires de renoncer au dividende pour une deuxième année consécutive.

"2018 a été une année de crise. On ne peut pas le nier", a concédé vendredi le directeur intérimaire Hans-Kristian Hoejsgaard, lors d'une conférence téléphonique.

Les grands changements dans le secteur des foires et événements exigent une restructuration profonde de MCH, précise le communiqué. Le groupe s'y attèle depuis le deuxième semestre 2018.

Parmi les différents facteurs qui ont grevé les comptes de la société bâloise en 2018 figurent des correctifs de valeur sur les halles d'exposition de 132,3 millions. "Nous ne pensons pas que de nouveaux amortissements soient nécessaires à l'avenir", a expliqué le directeur financier Beat Zwahlen.

Les frais de restructuration ont atteint 40,5 millions. Ceux-ci prennent en compte l'écart d'acquisition de la société Winkler Livecom, cédée en fin d'année, ainsi que l'amortissement lié aux foires Baselworld et Grand Basel. Des provisions ont également alourdi la facture.

Rencontre avec Nick Hayek

Malgré le caractère attendu de ces résultats négatifs, le titre MCH a été chahuté à la Bourse. Il a fini en recul de 7,9% à 17,50 francs suisses, dans un SPI en baisse de 1,32%.

Le chiffre d'affaires s'est inscrit à 522,8 millions de francs suisses, en hausse de 6% sur un an. La croissance des recettes est imputable à la "bonne santé" des salons Art Basel et Swissbau, la participation à la foire d'art Masterpiece London, mais également à la première consolidation en année pleine de la filiale américaine MC2.

Les ennuis ont commencé en début d'année dernière pour MCH, avec la défection des marques du Swatch Group du salon horloger Baselworld. Ce départ en avait entraîné un autre, celui du patron de MCH René Kamm. En novembre, le groupe rhénan a annoncé un changement de stratégie et un programme d'économie.

Un nouveau concept numérique 2020 pour Baselworld sera présenté mardi aux médias, a annoncé M. Hoejsgaard. Ce dernier entend rencontrer Nick Hayek, patron de Swatch, pour tenter de le faire revenir à de meilleurs sentiments.

Ce ne sera toutefois pas gagné d'avance pour MCH. Le directeur général de Swatch Group a réaffirmé jeudi dernier que les marques maison n'avaient pas besoin de Baselworld pour pouvoir présenter leurs produits aux revendeurs.

MCH a renoncé en 2018 aux foires mythiques que sont le Comptoir Suisse, la Züspa à Zurich et la Muba à Bâle, ainsi qu'au tout jeune salon de la voiture d'exception Grand Basel.

Durant l'année en cours, les travaux d'assainissement vont se poursuivre pour MCH, qui prévoit de nouveaux frais. Le groupe ne pourra pas s'éviter une troisième année consécutive dans le rouge, prévient-elle.

fr/jh/ck