La ministre de l'Economie ne voit aucune raison de remettre en cause la prévision de croissance française de 2% pour 2011 en dépit des doutes de Bruxelles.

Christine Lagarde répète aussi que la France a "un système bancaire solide et bien plus régulé qu'avant la crise". "Dans ces conditions, il n'y a pas de raison d'avoir de la défiance vis-à-vis d'elles", ajoute-t-elle.

Elle répond ainsi à l'ancienne star du football Eric Cantona, auquel elle avait déjà conseillé dans la journée d'éviter de jouer à l'économiste. L'ancien attaquant de Manchester United reconverti en comédien s'est prononcé récemment pour un "bank run", consistant à vider en masse les comptes bancaires pour changer "le système".

Christine Lagarde confirme que le Smic sera revalorisé en 2011 mais semble exclure tout coup de pouce, comme l'ont préconisé les experts consultés par le gouvernement.

"La stratégie des coups de pouce est inefficace pour la création d'emploi et lutter contre la pauvreté. Ce qui marche, c'est d'utiliser des outils comme la prime pour l'emploi ou le RSA parce que là on cible vraiment les populations les plus vulnérables", affirme-t-elle.

Priée de dire s'il faudra durcir la politique d'ajustement budgétaire si la croissance n'est pas suffisante en 2011, la ministre estime qu'il ne faut pas "insulter l'avenir." "Le rythme annuel de croissance de la France est de 2% sur la base des quatre derniers trimestres et il n'y a aucune raison de remettre en cause cette prévision de 2% pour 2011", dit-elle.

"UNE BONNE PARTIE DU CHEMIN"

Sur le crise financière, la ministre préfère "regarder ce qui a été fait depuis la première crise en Grèce, fin 2009, plutôt "qu'agiter des spectres."

"La mécanique européenne, toute imparfaite qu'elle soit, évolue et se renforce à l'occasion de chaque choix. De crise en crise, on progresse, on invente de nouveaux instruments", assure-t-elle.

Elle note que ce qui avait été fait en quatre mois avec la Grèce l'a été en dix jours pour l'Irlande. "On a fait une bonne partie du chemin depuis 10 jours pour parvenir à une situation stabilisée. On a fait des progrès très importants sur les mécanismes de résolution des crises et la manière dont on y associe le secteur privé mais cela avance", dit-elle.

La ministre insiste sur la "nécessité absolue" de réguler et de rendre transparent le marché de produits dérivés comme les CDS, titres financiers liés à la dette.

"Cela ne veut pas dire nécessairement interdire mais permettre au superviseur d'intervenir lorsqu'il observe des volumes disproportionnés. C'est pour cela que le gouvernement français soutient totalement les propositions de la Commission européenne dans ce domaine", explique-t-elle.

Gérard Bon, édité par Henri-Pierre André