* Optimisme prudent pour le salon de Genève, du 16 au 20 janvier

* CA de Richemont attendu en hausse de 20% au T3

* Décélération attendue après une année record en 2011

par Nathalie Olof-Ors et Silke Koltrowitz

ZURICH, 12 janvier (Reuters) - La joaillerie et les montres de prestige, un des segments qui a affiché une des plus fortes croissances dans le secteur du luxe en 2011, seront sous les feux de la rampe la semaine prochaine avec le Salon international de la haute horlogerie (SIHH) qui se tiendra du 16 au 20 janvier à Genève.

Premier événement majeur de l'année pour l'industrie du luxe, ce salon permettra de prendre le pouls d'un secteur qui a pour l'instant défié la crise mais se prépare désormais à affronter un environnement moins favorable.

Richemont, le numéro deux mondial du luxe derrière LVMH, donnera le ton de ce salon avec la publication lundi du chiffre d'affaires pour son troisième trimestre.

Les analystes tablent en moyenne sur une croissance de 20% à taux de change constant sur la période pour le groupe propriétaire des marques Cartier et Van Cleef & Arpels, après un bond des ventes de 36% au premier semestre. (voir )

Une décélération de la croissance pour l'ensemble de la branche horlogère semble désormais inévitable, après une année record pour les exportations de montres suisses.

"La barre est très haute. Mais nous sommes assez confiants pour 2012, même si les taux de croissance pourront difficilement atteindre 19% à 20% comme cela a été le cas en 2011, rien qu'en raison de l'effet de base", souligne Jean-Daniel Pasche, le président de la Fédération horlogère.

"L'année 2012 sera assez difficile au niveau macroéconomique. Nous nous attendons néanmoins à ce que le salon confirme la bonne résistance de la branche", a-t-il ajouté.

Mardi, Swatch Group, le premier fabricant de montres suisses, a fait état d'une hausse de son chiffre d'affaires de 21,7% à taux de change constant pour l'année écoulée, mais a dit s'attendre à une progression des ventes de l'ordre de 5% à 10% en 2012.

Le joaillier américain Tiffany a de son côté été contraint de revoir à la baisse ses prévisions de résultats pour l'exercice qui sera clôs fin janvier, alors que les consommateurs en Europe et aux Etats-Unis ont freiné leurs dépenses de joaillerie durant les fêtes.

L'OEIL SUR LA CHINE

Durant le salon, les investisseurs suivront attentivement les indications concernant la Chine, notamment la fréquentation des détaillants asiatiques, alors que la région a jusqu'à présent permis à la branche horlogère de résister aux turbulences en Europe.

"Les données récentes pour la Chine élargie pointent dans le sens de ventes de détail moins élevées dans la joaillerie et les montres", remarquent les analystes de Barclays Capital, qui mettent en lumière les inquiétudes concernant l'immobilier dans un pays où une partie importante du patrimoine est détenue sous forme de propriétés résidentielles.

Au cours des six derniers mois, les interrogations liées à la Chine ont pesé sur les actions Swatch Group et Richemont, qui ont terminé l'année en baisse de près de 15%, sous-performant l'indice européen des biens de consommation discrétionnaire , en dépit de bonnes performances opérationnelles.

"Un des thèmes importants de ce salon sera la réduction des livraisons de mouvements et de composants par Swatch Group et comment celle-ci affecte les différentes marques", souligne par ailleurs René Weber, analyste chez Vontobel.

"Cartier et Montblanc seront certainement touchés alors que d'autres marques de Richemont, comme Jaeger-Lecoultre, Vacheron Constantin ou Roger Dubuis sont moins dépendants des mouvements d'ETA", estime-t-il.

Swatch Group, qui se trouve en situation de monopole sur certains composants horlogers par le biais de ses filiales ETA SA Manufacture Horlogère Suisse et Nivarox, a été autorisé à réduire ses livraisons pendant la durée d'une enquête menée par les autorités suisses de la concurrence.

"Nous pensons que le marché a besoin de 8,2 millions de mouvements en 2012 et que Swatch Group peut contenir les livraisons à hauteur d'un million, soit environ 12% de ce qui est nécessaire", quantifie Jon Cox, analyste chez Kepler Capital Markets.

Le Salon international de la haute horlogerie est dominé par les marques de Richemont, parmi lesquelles figurent notamment Montblanc, Piaget et Vacheron Constantin, mais une poignée d'indépendants y participent également, à l'image de Parmigiani et d'Audemars Piguet.

Ce rendez-vous sera suivi en mars par le salon de Bâle, la plus importante manifestation pour l'horlogerie et la joaillerie, à laquelle prendront part Swatch Group mais également d'autres incontournables du secteur tels que Rolex ou Patek Philippe. (Edité par Robin Bleeker)